Menaces de sanctions contre Damas Le Temps-Agences- La Ligue arabe a annoncé hier la suspension de la Syrie et menacé Damas de sanctions, un camouflet sévère pour le régime de Bachar Al-Assad motivé par son refus de mettre en œuvre comme promis le plan de sortie de crise élaboré par l'institution panarabe. La Ligue a décidé de «suspendre la participation des délégations syriennes aux travaux» de l'organisation, une mesure qui prendra effet mercredi, selon un communiqué lu par le chef de la diplomatie du Qatar, Hamad ben Jassem Al-Thani, à l'issue d'une réunion ministérielle au siège de l'institution au Caire. Il a également appelé au retrait des ambassadeurs arabes à Damas, tout en précisant que la décision finale relevait de la souveraineté de chaque Etat membre. La Ligue prône également des «sanctions politiques et économiques» contre le pouvoir syrien s'il continue à ignorer le plan de règlement arabe, a-t-il dit, sans donner plus de précisions sur ces mesures. Cette décision est «illégale et contraire au traité» de l'organisation panarabe, a aussitôt répliqué l'ambassadeur syrien auprès de la Ligue arabe Youssef Ahmad, dans des déclarations citées par les médias syriens. C'est une décision qui «met fin à l'action arabe commune et prouve que l'administration (de la Ligue) suit un programme édicté par les Américains et les Occidentaux», a affirmé M. Ahmad. Damas avait dit accepter le 2 novembre un plan arabe qui prévoit la fin des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation des médias, avant l'ouverture d'un dialogue national. La suspension de l'adhésion de la Syrie à la Ligue arabe était l'une des revendications principales de l'opposition syrienne dont les différents courants se sont succédés au siège de l'organisation ces derniers jours. Dix-huit des 22 membres de la Ligue ont également voté en faveur d'un appel à tous les courants de l'opposition à «se mettre d'accord sur un projet unique pour la gestion de la transition prochaine en Syrie», a ajouté le responsable qatari devant la presse. Il a précisé que la Ligue arabe souhaitait rencontrer à ce sujet tous les courants de l'opposition syrienne sous trois jours au Caire. Avant la Syrie, la Libye, également touchée par la vague des révoltes du «Printemps arabe», avait été suspendue le 22 février des travaux de la Ligue. Sur le terrain, la répression de la révolte populaire sans précédent, qui a fait selon l'ONU plus de 3.500 morts depuis la mi-mars, n'a pas baissé d'intensité, faisant notamment plus de 120 morts en dix jours dans la seule région de Homs, un des foyers de la contestation dans le centre du pays. Le régime, qui ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation, affirme lutter contre des «gangs terroristes» qu'il accuse de chercher à semer le chaos en Syrie. Hier, un civil a été tué dans la région d'Idleb (Nord-ouest) où des affrontements se déroulaient entre l'armée régulière et des déserteurs présumés, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch HRW) a de son côté accusé le régime syrien de «crimes contre l'humanité» et appelé la Ligue arabe à la plus grande fermeté. Parallèlement, le patriarche orthodoxe russe Kirill est arrivé à Damas pour une visite de quatre jours en Syrie et au Liban au cours de laquelle il doit rencontrer le président Assad.