Les longues et interminables tractations entre la troïka des partis, sortis vainqueurs des élections de la Constituante pour la formation d'un nouveau gouvernement et la répartition des postes de responsabilité traduit l'ampleur des antagonismes, la fragilité des alliances nouées ou envisageables et la difficile conciliation entre les idéologies politiques en compétition pour l'exercice du pouvoir. Elles préfigurent, également, de la complexité du panorama politique en gestation et du climat, sans doute intempestif, qui caractériserait les débats au sein de la future Assemblée. Les négociations butent, d'après les informations qui filtrent sur l'attribution du poste de Président de la République et des portefeuilles des ministères de souveraineté. D'après toujours les informations qui circulent, certains partis font montre d'une avidité et d'une convoitise démesurées qui ne reflètent pas réellement leur poids sur la scène politique ; L'intransigeance d'un des leaders aurait même provoqué l'agacement des figures de proue de son propre parti. On oublie, probablement, que la tâche primordiale de la Constituante est la préparation d'une Constitution à la hauteur des ambitions et des sacrifices du peuple. L'exercice du pouvoir, les postes ministériels viennent au second plan et ne devraient pas obligatoirement revenir aux gagnants. Car il s'agit, en cette période transitoire, de confier les affaires de l'Etat aux compétences et aux technocrates expérimentés et qui ont fait leurs preuves dans la gestion des dossiers urgents et prioritaires. Et les priorités des Tunisiens, en ce moment, ne sont pas les querelles politiques et les intérêts partisans, mais la montée vertigineuse du taux de chômage, la flambée des prix et la cherté de la vie, le secteur touristique au bord de la faillite et les disparités entre les régions. Autant de dossiers qui attendent des solutions urgentes. Et ceci ne se réalisera pas sans un consensus entre les partis qui met les intérêts suprêmes de la nation au-dessus de toute autre considération.