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Alliances et recompositions des partis en vue de la Constituante
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 10 - 2011


Par Hatem M'RAD
On le sait, une alliance est un accord entre partis politiques conclue dans un but électoral (candidat unique, désistement réciproque), parlementaire ou gouvernemental (gouvernement de coalition). On parle particulièrement de coalition lorsqu'il s'agit d'une alliance gouvernementale dont les membres représentent plusieurs partis politiques composant la majorité qui soutient le gouvernement au Parlement (notamment à la Chambre basse, la chambre élue par le peuple). Ce gouvernement de coalition est le propre des régimes parlementaires à caractère multipartisan (IIIe et IVe Républiques en France, Italie, RFA et Allemagne).
Les partis hésitent parfois entre l'alliance ou l'autonomie avant d'affronter une élection. Il y a ici une sorte de dilemme. S'ils se présentent seuls, de manière isolée, face aux électeurs, les partis auront le mérite de clarifier leurs positions, ainsi que celles de leurs électeurs qui peuvent souhaiter voter exclusivement pour leurs partis, pour leurs partis spécifiques dans lesquels ils se reconnaissent totalement sur le plan idéologique ou politique. L'inconvénient d'une telle attitude, c'est qu'elle peut provoquer la défaite de ces partis, ou conduire à l'insuffisance de leurs résultats, surtout face à un éventuel déséquilibre entre les forces politiques. Se présenter de manière isolée a aussi l'inconvénient de ne pas permettre encore à certains partis nouveaux, peu implantés, peu organisés ou peu enracinés sociologiquement, de présenter des listes dans l'ensemble des circonscriptions du pays. Hypothèse qui est loin d'être académique en Tunisie, tant pour les partis de l'opposition durant le règne de Ben Ali qu'aujourd'hui après la révolution et l'entrée de 107 nouveaux partis à partir de fin janvier 2011(ajoutés aux 8 anciens partis de l'opposition, le RCD étant dissous).
En revanche, si les partis se regroupent autour d'une alliance, cela peut avoir pour mérite d'abord de renforcer leurs chances de remporter la majorité des sièges, ou du moins d'obtenir des sièges supplémentaires par rapport à ce qu'ils pouvaient espérer en gagner seuls, et ensuite de leur permettre de présenter des listes au nom de l'alliance dans la totalité des circonscriptions. Mais, l'inconvénient d'une telle option, c'est qu'elle risque de faire perdre aux partis engagés dans une alliance leur spécificité partisane.
En Tunisie, la question des alliances est une nébuleuse, on est sur un terrain vierge. C'est la première fois, en effet, que sont organisées dans le pays des élections démocratiques. La question des alliances n'est certes pas totalement inconnue en Tunisie, mais elle était brimée et faussée par l'autoritarisme et l'hégémonie des partis au pouvoir (PSD, puis RCD), qui ne pouvaient concevoir l'existence d'une alliance ou d'une stratégie partisane en dehors d'eux.
Historiquement, la question des alliances n'est pas totalement inconnue en Tunisie. Notre pays a en effet connu l'expérience du système de parti unique, puis celui du parti ultra-dominant, mais il n'en a pas moins connu quelques expériences sommaires, il est vrai, d'alliances.
Avant la Révolution
Durant le règne de Bourguiba, le pouvoir et les théoriciens du PSD considéraient après l'indépendance, pour répondre à ceux qui leur reprochaient l'accaparement de la vie politique, que le Parti Socialiste Destourien, parti pourtant unique fondé sur l'interdiction de tous les autres, était lui-même au fond une forme d'alliance ou plutôt un Front commun réunissant les différents courants politiques et les différentes catégories sociologiques du pays. Ce front réunissait ainsi, d'après eux, tant dans le parti qu'au parlement, le courant libéral et les professions libérales à travers l'adhésion de leurs représentants, l'Utica; le courant des travailleurs à travers l'appui du syndicat l'Ugtt (qui était loin d'être un allié commode, notamment avec Habib Achour) ; les agriculteurs avec l'UNA ; les femmes à travers la mobilisation de l'Unft ; les jeunes avec les organisations de jeunesse, comme l'organisation des scouts tunisiens ou l'Utoj (Union Tunisienne des Organisations de Jeunesse).
Mais, à l'évidence, ce parti occupait seul la scène politique. Tous les autres partis étaient interdits, notamment depuis 1962, avec l'interdiction du Parti Communiste, liée à la découverte du complot de Chraïti. Le parti destourien se présentait parfois aux élections plébiscitaires au nom d'un Front Uni regroupant le PSD et l'Ugtt, pour sauver les apparences électorales et afficher aussi sa légitimité en tant que représentant de toutes les catégories sociales. C'était beaucoup plus une absorption ou une fusion contraignante qu'une alliance librement voulue par toutes ses composantes.
Durant le règne de Ben Ali : Le 7 novembre 1987, à la suite de la déposition de Bourguiba par son Premier ministre, le général Ben Ali, celui-ci s'est engagé dans une déclaration à établir le multipartisme. Le multipartisme a commencé à se développer en dehors du parlement, d'abord sous l'œil trop vigilant du parti tuteur, le RCD. Mais, les partis de l'opposition ont dû attendre les élections législatives de 1994 pour accéder pour la première fois au Parlement à la faveur de l'adoption d'un mode de scrutin mixte leur garantissant une représentativité tout autant artificielle qu'automatique. En 1994, ils ont en effet obtenu 19 sièges contre 144 au RCD, puis aux dernières élections législatives de 2009, 53 sièges sur 214. C'est le pouvoir qui décidait du taux exact de représentativité de l'opposition et du choix des partis devant être représentés au parlement. Ainsi, Ben Ali a réussi lui-même à diviser les partis de l'opposition en deux tendances séparées, les partis de l'opposition qui soutiennent le pouvoir et les partis de l'opposition qui le contestent, sans que ces deux tendances ne donnent forcément lieu à deux alliances partisanes.
C'est dans ce contexte qu'à partir des années 1990, un petit jeu d'alliances stériles a commencé à se développer autour des partis de l'opposition, tous squelettiques face au grand frère, peu apte au partage. Ces partis ont ainsi connu des expériences de regroupement en dehors des périodes électorales. En 1990, une troïka a réuni trois partis : PUP, UDU, RSP (ex-PDP). En 1995, une autre troïka a réuni Ettajdid, l'UDU et le PUP. Cette dernière alliance s'explique surtout par l'échec de ces partis aux élections de 1994. En 1998, une alliance a été conclue entre le PUP et l'UDU, mais elle s'est effritée à l'approche des élections de 1999. On le voit, les alliances entre ces partis n'ont jamais été mises en œuvre dans une élection législative, alors même qu'une alliance partisane n'a de sens que dans le cadre d'une échéance électorale. La seule alliance électorale qui a eu lieu, c'est celle de l'Initiative démocratique autour d'Ettajdid pour la candidature de Mohamed Ali Halouani aux élections présidentielles de 2004, et qui était constituée par Ettajdid, Hezb al aâmal, des membres et organisations de la société civile et des indépendants.
Mais, toutes les tentatives d'alliance entre les partis de l'opposition ont échoué, même s'il y a eu souvent des appels en leur faveur. La plupart de ces partis sont traversés par des dissensions internes les privant d'unité et de cohérence. Si bien qu'il est devenu plus impérieux pour eux de réussir une alliance à l'intérieur de leurs partis que de réussir une alliance entre leurs partis. Le rejet des alliances électorales par ces partis est d'autant plus paradoxal qu'ils étaient d'accord sur l'essentiel : la nécessité de la démocratie, de la liberté de presse et d'opinion, les droits de l'Homme, le code électoral, les lois organisant la vie politique, la confusion Etat-RCD, l'administration, etc.
La difficulté de recourir aux alliances électorales peut être imputée à plusieurs causes : l'intervention du pouvoir pour diviser l'opposition, la rivalité entre les dirigeants des partis pour la direction de l'alliance, l'absence de culture de la collaboration politique, leurs propres faiblesses électorales. Car les alliances les plus sérieuses et les plus crédibles sont celles qui sont réalisées entre des partis qui peuvent, avec le soutien d'une alliance, concurrencer la majorité d'en face, et parfois même la renverser. Une telle perspective suffit même à maintenir l'unité de l'alliance et à la rendre durable.
Et la question qui se pose aujourd'hui, c'est de savoir si la perspective a changé après la chute de la dictature et la révolution démocratique du 14 janvier ?


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