Dans des conditions très difficiles à cause de la salle fermée de la Maison de la Culture de Tabarka, la compagnie Vagues Production, sous la direction artistique de Mongia Tabboubi, a mis son public en effervescence avec sa représentation théâtralisée d'un conte d'Anderson « l'Empereur et le Rossignol », adapté par le talentueux Mohamed Hafedh Jédid sous le titre « Ta' er essalem », une adaptation à la fois burlesque et poétique, un style proche de la commedia dell'arte dont le comique de répétition a ravi les plus jeunes tout comme leurs parents. Dans un palais aux mille couleurs chatoyantes, règne un petit empereur fort capricieux. Son passe-temps favori est de faire enrager son chambellan, pas très futé. Mais lorsqu'il apprend qu'un rossignol chante de manière divine dans le jardin du palais, il ordonne qu'on le lui amène et l'emprisonne dans une cage. Avec le soutien de la servante (Manel Lahmer), le rossignol (Leila Rezgui) se sauve et rejoint la forêt avoisinante et arrête de chanter. Furieux, l'empereur Chahbander (Nizar kchaou) se met lui-même en prison et supplie la servante et le rossignol de revenir au palais royal et vivre avec lui en paix. La force de ce spectacle repose tout d'abord sur l'existence de personnages qui semblent directement sortis d'un livre de contes ou d'un dessin animé. Cela passe par des costumes chatoyants et très travaillés. Chaque costume porte le symbole du caractère principal du personnage. Mais à cela s'ajoute également un élément comique, notamment pour l'empereur qui paraît envahi par son costume trop grand pour lui. Que pouvons-nous enseigner de mieux aux enfants si ce n'est que le bonheur se trouve dans la vie réelle et que la beauté est dans l'être. Ce joli spectacle porté par une troupe pleine de talents nous l'enseigne avec beaucoup d'humour. Un spectacle à mi-chemin entre le quatrième art et la poésie, entre rêve et réalité, pour le plaisir des petits et des grands aussi. Une salve d'applaudissements a congratulé la troupe, qui a réussi son pari : apporter aux enfants et à leurs parents un peu de magie, sûrement trop rare dans notre monde si cartésien.