La Tunisie est devenue la première source d'immigration maghrébine en France, dépassant désormais l'Algérie et le Maroc. Selon une note de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie (OID), révélée par Le Figaro, la croissance de l'immigration tunisienne est aujourd'hui deux fois plus rapide que celle en provenance d'Algérie. Ce phénomène récent soulève des enjeux majeurs, notamment en matière d'intégration et de coopération entre Paris et Tunis. L'étude pointe les difficultés d'intégration des migrants tunisiens sur le marché du travail et le refus des autorités tunisiennes de réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière en France, malgré plusieurs accords signés. « La France a facilité les voies d'intégration régulière avec la Tunisie par des accords, en échange d'un contrôle accru sur l'immigration irrégulière. Mais le compte n'y est pas », explique Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l'OID. En 2023, la France comptait au minimum 347 000 immigrés tunisiens, soit une augmentation de 52,6 % depuis 2006. Il s'agit de la plus forte progression parmi les pays du Maghreb. L'étude souligne également un taux de natalité élevé : 57 % des Tunisiennes arrivées en France ont un enfant dans les quatre ans suivant leur installation. D'après l'Insee, 35 % des Tunisiens âgés de 15 ans et plus vivant en France n'avaient ni emploi ni formation en 2022. « Si les difficultés d'intégration économique touchent aussi les Algériens et les Marocains, elles sont particulièrement marquées pour la Tunisie, alors que la France avait misé sur une immigration de travail sans contrepartie apparente », conclut Pouvreau-Monti.