Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami Tahri, a publié samedi 23 août 2025 un message au ton sévère sur sa page officielle, pointant les contradictions entre les discours du pouvoir et les conditions réelles nécessaires à l'émergence d'un climat des affaires sain. Dans son post, il rappelle que, dans le cadre de la mondialisation et des lois du marché, six piliers sont indispensables : la stabilité politique et sociale, un haut niveau de production et de productivité, l'existence de mécanismes d'incitation, une justice équitable et efficace, ainsi que des garanties solides contre la corruption. Mais, constate-t-il, « si notre pays se réveille et s'endort sur des discours affirmant que le partenaire social est une menace, que les Tunisiens ne travaillent que huit minutes par jour, que la corruption gangrène toutes les structures de l'Etat et que la justice est soumise aux lobbies », alors il ne s'agit pas d'un climat propice aux affaires, mais bien d'un « climat repoussoir et inquiétant ». Sami Tahri souligne enfin que « dans le monde de la finance et des affaires, chaque mot compte, surtout lorsqu'il émane d'institutions officielles », appelant implicitement le pouvoir à mesurer ses déclarations et à restaurer la confiance.
Cette sortie intervient deux jours seulement après la démonstration de force de l'UGTT, qui a réuni plusieurs milliers de manifestants le 21 août place Mohamed Ali à Tunis pour dénoncer la répression syndicale et le blocage du dialogue social. La mobilisation a confirmé la capacité intacte de la centrale à fédérer ses bases malgré les pressions. Depuis plusieurs semaines, la tension s'est exacerbée : assaut symbolique contre le siège de l'UGTT le 7 août, circulaire gouvernementale mettant fin aux détachements de fonctionnaires auprès des syndicats, suspension des négociations salariales. Autant de mesures que la centrale syndicale interprète comme une offensive planifiée du pouvoir pour fragiliser son rôle. Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a répliqué en défendant l'histoire et la légitimité de l'organisation, accusant le président Kaïs Saïed d'orchestrer une campagne de délégitimation.