Par Khaled GUEZMIR - Le maître-mot des gouvernants arabes depuis la deuxième moitié du siècle dernier a été le « complot » ! A chaque rébellion si minime soit-elle, les « Partis-Etats » et leur propagande assourdissante mettent en marche la musique de la complotite pour dire que leurs peuples et leurs élites sont, et doivent le rester, pour l'éternité ; des sujets soumis à une sorte d'esclavage politique où le « citoyen » ne peut ni élire ni être élu et où la participation politique est interdite. Tous les systèmes politiques arabes des temps modernes et contemporains ont connu le cours de sûreté de l'Etat », ces institutions abominables, véritables machines à détruire les rêves de la société civile et de la démocratie pluraliste et libérale. Les verdicts vont de l'association des « malfaiteurs » non autorisée à la haute trahison en passant par l'inévitable atteinte à « l'ordre public » entendez l'ordre de ceux qui règnent sans partage sur la communauté des hommes dont ils ont la charge. Mais comme le dit le proverbe de chez nous, « El Ham Fih ma tekhtar » (dans le mal il y a des degrés et des choix). Il y a, d'abord, l'autoritarisme avec une certaine lucidité du « chef » qui a lu ou flirté avec Machiavel et qui apprécie le Conseil du Florentin quand il recommande au Roi de bien réprimer la foule et la rue qui s'insurge mais en évitant les punitions collectives. Le prince pour rétablir l'ordre doit punir individuellement, du genre « Adhrab al katoussa bach techeif al Aroussa » (frappe la chatte pour prévenir la mariée) et surtout éviter la répétition répressive à grande échelle. Mais, évidemment, il y a bon nombre de nos gouvernants arabes qui n'ont pas lu Machiavel et qui sont passés aux stades supérieurs de la répression aveugle et barbare. Ce qu'on voit en Syrie, aujourd'hui, n'a pas de nom à part la folie d'une junte vivant avant l'ère Machiavel et qu'on ne retrouve historiquement que dans les empires mongols du Moyen-âge. Le principe c'est de détruire à la racine toute contestation du pouvoir en place, où l'Etat se confond avec le Président de droit divin. En fait, tout lui appartient, l'administration, l'armée, la police, l'économie, le finance… Ah, j'allais oublier la « diplomatie ». Pour cette dernière, sa vocation et que Michel Foucault me pardonne d'utiliser sa sémantique, c'est « l'éloge de la folie ». Oui… le rôle des Ambassades du totalitarisme arabe, c'est de prendre le relais des organes de la propagande du délire, pour expliquer au monde que le pauvre « monarque » affronte les pires des violences et de sombres complots qui veulent, tenez vous bien, porter atteinte aux acquis du peuple et à sa liberté. M. Ali Abdallah Salah qui s'accroche à son fauteuil cadavérique, n'arrête pas de mettre en garde les Yéménites contre tous « le comploteurs » indignes qui ne sont que les Yéménites eux-mêmes. Tout cela pourquoi ! Pour le suprême pouvoir et quelques dollars de plus. Je vois d'ici, Clint Eastwood grimacer de dégoût, que ses fictions au cinéma soient reproduites dans la réalité pour asservir les peuples arabes et musulmans. Et puis, on se demande pourquoi il y a cette montée vertigineuse de l'Islamisme de Tanger au Golfe ! Les sociétés arabes en ont ras-le-bol de la répression sanguinaire et de ces images télévisuelles de la folie macabre et des exécutions sommaires opérées par les armées « modernes » de Syrie et du Yémen sur ordre du pouvoir suprême. Elles se réfugient naturellement vers ce qu'elles considèrent comme pouvoir supérieur et transcendant : Dieu. C'est en lui qu'elles trouvent encore suffisamment de ressources pour survivre et de vitalité pour combattre et si demain elles sont victorieuses, de quel droit, leur refusera-t-on le pouvoir ! Oui… les élites occidentalisées et laïcisantes doivent revoir leurs ambitions à la baisse, tant qu'elles n'auront pas été aux premières lignes de la lutte contre le totalitarisme. Si les Islamistes triomphent et sont plébiscités par les électeurs que sont les peuples opprimés et réprimés, c'est qu'ils l'ont mérité quelque part. Le tout c'est de faire en sorte que les « votes-sanction » n'aboutissent pas à la légitimation de nouveaux despotismes totalitaires. Mais ça aussi il faut le prévoir et l'arrêter à la racine, en mobilisant la société civile et faire en sorte que les institutions ne soient jamais plus sous la tutelle du pouvoir politique dominant.