Après avoir accueilli, il y a deux semaines, une journée de promotion dédiée à la Tunisie pour étudier les possibilités de coopération avec les entreprises tunisiennes, la région italienne de « Calabria » vient de déléguer une trentaine de ses hommes d'affaires, chefs d'entreprises et universitaires en Tunisie. Il s'agit, affirme Wided Bouchamaoui, présidente de l'UTICA, « d'une visite qui vient exprimer un sentiment de confiance à l'égard de l'économie post-révolution de la Tunisie et à ses acteurs économiques. Geste qui rassure et nous réconforte d'autant plus que les pouvoirs politiques qui se mettent en place ont exprimé clairement les choix d'ouverture et de libéralisation de l'économie nationale », ceci lors de son intervention de bienvenue devant les membres des cette délégation au siège de la centrale patronale. Secteur divers Les membres de cette délégation ont, comme indiqué, se présentent sous divers profiles. Mais leur majorité est composée de chefs d'entreprises et de responsables de firmes italiennes spécialisées en construction et sidérurgie, en agriculture et agroalimentaire, en industries textile, dans l'infrastructure et les bâtiments, les nouvelles technologies, la mécanique, la transformation en produits pétroliers, ainsi que dans l'ameublement intérieur, dans la distribution de l'énergie électrique à partir de sources renouvelables outre la télémédecine d'aide pour handicapés, les biens culturels, musées, spectacles et tourisme. L'ensemble des domaines où les hommes d'affaires italiens sont spécialisés à été l'objet de rencontres B to B avec les quelques intéressés parmi les hommes d'affaires tunisiens ayant assisté aux travaux de cette journée. Il faut dire que le business entre la Tunisie et l'Italie présente en quelque sorte un profil intéressant, grâce notamment à la proximité qui y joue un grand rôle. D'ailleurs, rappeler le fait que l'Italie est le deuxième partenaire de la Tunisie ne serait l'évidence même. Aussi, les deux pays sont liés par un cadre juridique régissant une coopération bilatérale riche et variée. L'Italie est le deuxième partenaire commercial de la Tunisie. Le volume global des échanges commerciaux a atteint environ les milliards d'Euros. L'Italie occupe la troisième place en matière de flux touristique provenant de l'Europe. Pour l'année 2010, le nombre des touristes Italiens a atteint 354127, outre qu'il est le 2ème pays investisseur en Tunisie. A ce titre, on ne compte pas moins de 744 entreprises italiennes ou à participation italienne implantées en Tunisie et opérant dans des secteurs aussi variés que l'agriculture, l'industrie, le tourisme et les services, employant 55600 personnes pour un investissement total de 1230.6 MDT. Par ailleurs, il est à mentionner que l'Italie met à la disposition des PME tunisiennes notamment des instruments financiers que l'on voudrait des catalyseurs pour le développement de la coopération bilatérale. On compte un nombre de lignes de crédit susceptibles d'aider des projets et des programmes publics, ce qui a permis de consolider la présence du secteur privé italien en Tunisie. Ceci sans passer sous silence la coopération technique considérée comme étant l'un des mécanismes importants pour le développement de la coopération bilatérale dans de nombreux domaines, notamment le domaine socio-sanitaire, culturel, environnemental et celui de la promotion du secteur privé. Ce qui est à venir La coopération tuniso-italienne date certainement de plusieurs décennies. Les Italiens ont été parmi les tout premiers à s'installer en Tunisie et les premiers à explorer les multiples secteurs porteurs dans nos murs. Mais actuellement, il s'agit d'un contexte totalement différent de ce qui prévalait dans les années 60 ou 1970. Selon Néjib Karafi, secrétaire d'Etat «Italiens comme Tunisiens, nous traversons une période économique particulièrement difficile, peut être la plus drastique depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais à la différence de ces époques lointaines, nous avons appris une chose ; le rassemblement au sein de grandes entités européennes, maghrébines arabes ou euro-méditerranéennes, ce qui peut faire partie des remèdes aux crises. Nous savons, a-t-il poursuivi, que pour nous en sortir, les regroupements régionaux, les partenariats entre nations solidaires font partie de l'arsenal des moyens de lutte contre la crise ». Les propos du Secrétaire d'Etat sont d'autant plus d'actualité, notamment avec ce qui se passe en Italie qui vit un moment particulier de sa vie politique après la démission de Silvio Berlusconi, mais aussi avec le risque de plus en plus grandissant de la crise des dettes qui secoue l'Europe et qui semble avoir l'Italie comme sa prochaine destination. Confiance inébranlable Le sentiment de confiance des opérateurs économiques italiens en la Tunisie reste inébranlable, mais le courant des événements laisse planer un nombre illimités d'interrogations. Quels sont les moyens susceptibles de renforcer cette coopération bilatérale ? Surtout que « l'environnement des affaires dans la Tunisie post-révolution offre désormais beaucoup d'avantages intéressants, notamment la transparence et les garanties de se lancer dans des affaires sans avoir à se soucier des clans de Ben Ali », précise pour sa part Noureddine Zekri, directeur général de la FIPA (Agence Tunisienne pour la Promotion des Investissements Etrangers). Quels seront donc les secteurs capables d'attirer encore plus l'attention des mastodontes italiens en Tunisie, outre les secteurs classiques tels que le textile et autres ? Les réponses ne tarderont certainement pas, parce qu'apporter des éclaircissements à ce genre de questions ne pourra se faire qu'à la lumière des développements au cours des périodes à venir, aussi bien en Italie qu'en Tunisie. Mais pour le moment, on semble avoir l'œil sur une niche assez fort prometteuse. « Les entreprises tunisiennes et italiennes se connaissent bien, déclare Wided Bouchamaoui. Elles connaissent le marché libyen et elles disposent de meilleurs atouts pour s'accompagner mutuellement en partenaires sur des opérations à très forte valeur ajoutée ». Serait-ce donc l'une des rares, sinon l'unique issue pour sortir du marasme ? Le marché libyen, devant être en pleine restructuration présente l'un des profils les plus alléchants de toute la rive sud de la Méditerranée, d'autant plus qu'il s'agit d'un marché où beaucoup d'entreprises tunisiennes et italiennes y ont acquis une certaine riche expérience. L'Italie a été depuis de longues années parmi les premiers partenaires de la Libye, ce qui est aussi le cas pour la Tunisie. Mais les défis à relever restent toujours les mêmes ? D'un autre côté et avant de voir dans cette direction, les relations bilatérales tuniso-italiennes ne doivent pas occulter certains malentendus qui peuvent écorcher les relations séculaires établies entre les deux peuples, notamment la question des immigrés tunisiens. Haykel Tlili