Nous avons rencontré Sylvain Montéléone qui nous a livré ses pensées sur cette exposition et d'autres questions relatives à l'art. Le Temps : « Kiosque indoor », pourquoi avez-vous choisi ce titre pour cette exposition ? Sylvain Montéléone : « Kiosque indoor », c'est comme si on se trouvait devant un kiosque de journaux mais à l'intérieur. Tout se passe à l'intérieur, en fait ! On vient, on lit n'importe quel journal et on suit les nouvelles ; le spectateur peut éprouver des émotions, émettre des impressions. La seule différence, c'est qu'il ne peut pas prendre ce qu'il a lu ou vu en rentrant ! Dans quelle mesure une affiche de film ou un article de presse pourraient servir de support à une œuvre d'art ? S.M. : L'affiche ou le journal peut servir de support à une œuvre d'art pour la bonne raison que les artistes en général font du collage dans un souci d'harmonie et de composition. Pour moi, ce qui est important, c'est l'image, celle qui est sortie de moi et que je veux mettre sur la toile. Certes, les œuvres sur lesquelles j'ai travaillé dans cette exposition ne sont pas les miennes, mais, moi, en tant qu'artiste ayant plusieurs années d'expérience, j'ai voulu représenter ces travaux pour transmettre un message et voir un peu son effet sur le public qui va donner son jugement. Le public a été agréablement surpris de voir cette expérience en découvrant cette coïncidence particulière entre l'affiche et le quotidien. Votre exposition est dédiée à la Révolution. Peut-on dire que cette révolution a été une source d'inspiration pour bon nombre d'artistes ? S.M. : Oui, dans une certaine mesure. Mais moi, j'ai préféré prendre un certain recul par rapport aux événements. Comme dit Voltaire : « Entre votre colère et l'effet qui la suit, laissez toujours au moins l'espace d'une nuit ». Et je pense qu'il a raison. La Révolution peut permettre de nouveaux talents, comme toutes les révolutions, d'ailleurs ! Mais ces talents, il faut qu'ils soient toujours alimentés, car la révolution est un feu qui s'allume et provoque de grandes émotions chez l'artiste qui les exprime dans ces œuvres picturales… Cependant, il ne faut pas confondre entre les peintres qui sont là depuis plusieurs années et ceux qui sont nés après la Révolution ! Si l'artiste est convaincu de ce qu'il fait, il peut continuer dans sa démarche, dans le chemin qu'il a choisi. Abstraction faite de la situation politique dans le pays ! Parlez-nous un peu de votre recueil de poésie « Moments de prose… Instants de pose » qui a accompagné cette exposition. Y a-t-il un rapport entre ce recueil et l'exposition ? S.M. : La poésie pour moi, c'est comme la peinture. Ce que j'ai mis là par écrit correspond à une rétrospective de mes œuvres picturales. Je peux donc exprimer par écrit ce que je pense au niveau de la peinture, mais aussi au niveau « d'état d'âmes et d'état d'hommes ». Remarquez le jeu de mots ! on peut lire d'ailleurs dans le même sens en page 3, ces phrases : « Entre une pose et l'autre, une pause suit, et c'est là que j'ai poussé mes premiers cris, mes premiers écrits, mes premiers écrans, mon dernier écrin, comme on pousse les quatre portes de la tradition soufi pour trouver mes quatre éléments: mon air, mon feu, mon eau, ma terre… » Et si on parlait des prochains projets de votre galerie ? S.M. : Il y aura à partir du 09 et jusqu'au 28 décembre courant une exposition de Selma Chérif Dziri « Quitte… Mains libres », il y a là un jeu de mots entre le « quitte, mains libres » du téléphone et le « quitte » dans le sens « quitte, les mains libres ! ». C'est un rappel de cette liberté que chacun a envie d'exprimer, sans gêner quiconque : c'est une liberté personnelle que l'on ressent dans la peinture et ça ne concerne que l'artiste et le public ! »