L'avocat défenseur des droits de l'Homme, Me Abderraouf Ayadi, est devenu officiellement, hier, le nouveau président du Congrès pour la République (CPR) en remplacement de Moncef Marzouki, qui a été élu lundi président de la République. «La direction et le groupe parlementaire du CPR se sont mis d'accord au cours d'une réunion tenue hier sur la désignation de Me Abderraouf Ayadi comme nouveau président du parti», a affirmé Néziha Rejiba, membre du Bureau politique de ce parti de gauche fondé en 2001. Selon elle, ce choix est le fruit d'un «large consensus» au sein de la formation de gauche, qui se Constituante), derrière le mouvement islamiste Ennahdha. Le changement intervenu à la tête du CPR est stipulé par l'article 8 de la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics adopté récemment par l'Assemblée Constituante. Cet article impose au président de la République de démissionner de son parti, une condition que le nouveau locataire du palais de Carthage a remplie avant de prêter serment. Me Abderraouf Ayadi (61 ans) n'était pas l'unique candidat à la présidence du CPR. Les noms Néziha Rejiba, alias Oum Zied, Imed Daïmi et Samir Ben Amor ont également circulé, ces derniers jours, dans les coulisses du quartier général du parti, un appartement exigu perché au sixième étage d'un vieil positionne désormais comme la deuxième force politique en Tunisie (29 élus à l'Assemblée immeuble situé à la rue Ali Darghouth, en plein cœur de Tunis. Avocat de formation, Me Ayadi assurait jusque-là la fonction de vice-président du CPR dont il était l'un des fondateurs. Ce membre fondateur de l'organisation de défense des droits de l'Homme «Liberté et Equité» et du Conseil National pour les Libertés (CNLT) a commencé à militer au sein de l'organisation de gauche «Perspectives», dans les années 70, avant de se joindre à Néjib Chebbi pour fonder le Rassemblement Socialiste Progressiste (RSP, l'actuel Parti Démocrate Progressiste). Son opposition farouche aux régimes de Bourguiba et de Ben Ali lui a valu non seulement plusieurs condamnations à la prison ferme, notamment pour «complot contre la sûreté de l'Etat et «constitution d'une association non autorisée», mais aussi filatures collantes, écoutes téléphoniques, interdictions de circulation et tracasseries administratives de tous genres. En 2005, Me Ayadi a participé aux côtés de six autres personnalités politiques tunisiennes, dont des islamistes, à une grève de la faim organisée dans le cadre du «Mouvement du 18 octobre pour les droits et les libertés». Le 28 décembre 2010, il a été enlevé devant son domicile, juste après son retour d'une manifestation des avocats en soutien à la révolte populaire contre le régime de Ben Ali.