Sale affaire. A priori scabreuse aussi. Elle est actuellement aux mains de la justice. Les avocats de la partie émiratie se sont abstenus de tout commentaire, se contentant néanmoins d'affirmer qu'il n'y a guère eu de pression et encore moins d'intervention des plaignants auprès de Hamadi Jebali. C'est ce qu'ils disent. Mais ils ne sauraient faire autrement. Sauf que le timing, le retournement de situation à la veille de l'annonce d'un gouvernement dans lequel devait figurer Khayam Turki comme ministre des Finances (il est brillant, cela ne se conteste pas), et puis son désistement (forcé ?) interpellent plus d'une partie. D'abord ses ex-employeurs émiratis et le holding appartenant à la famille régnante pour lequel il travaillait : pourquoi une plainte quatre ans après. A supposer même que nos amis émiratis ne soient pas directement intervenus, cette action, en soi, a tout l'air d'être une pression exercée sur Hamadi Jebali. Ensuite Hamadi Jebali, précisément.Ne connaissant pas vraiment le fin fond de l'affaire – parfois avec les Emirats c'est confus : voyez la supercherie de Sama Dubaï ! – il s'est rabattu un premier temps sur Mustapha Ben Jaâfar comme pour se réfugier sous un parapluie, mais il a eu peur que « le scandale » pompeusement annoncé ne lui explose à la figure, une fois le gouvernement en place. Enfin Ettakatol, en pleine déconfiture, qui perd un super-poste – celui des finances avec Khayam Turki et pour lequel planchait Jebali lui-même – et qui s'apprête maintenant à expulser Khemaies Ksila. Les personnes qui connaissaient Mustapha Ben Jaâfar ne le reconnaissent plus aujourd'hui. Métamorphose faite peut-être de dépit, de relents donquichottesques ou alors d'élévation messianique. Un adulte de notre époque nous disait hier qu'“à la limite Marzouki s'en sort mieux”. Car Marzouki est dans son rôle. Il lui arrive de frapper sur la table et de tenir tête à Jebali. Or celui-ci joue à la politique de la main tendue. Il aurait bien proposé le ministère de la Défense à Ettakatol et Ben Jaâfar aurait refusé. Et dès lors que Khayam Turki était brûlé, un semblant de consensus s'était mu autour du nom de Abdelhay Chouikha. Là aussi les grincements de dents sont venus de Mustapha Ben Jaâfar. C'est cela une métamorphose !