Noureddine Kridis, professeur de psychologie dont les travaux antérieurs portent sur la communication et les conduites créatrices, a traité la Révolution tunisienne dans son nouveau livre « Penser la révolution » publié en novembre 2011 par les éditions R.M.R. en utilisant une approche basée sur des codes cinématographiques : l'espace, le temps, le mouvement, le cadre etc. « La révolution arrive comme un vent du sud qui emporte tout sur son chemin grâce à la figure « prophétique » de Mohamed Bouazizi » estime-t-il. L'auteur essaie de personnaliser la révolution en mettant en valeur un héros qui est le déclencheur malgré lui du mouvement de révolte, soulignant par ailleurs que « la révolution du 14 janvier a rétabli la connexion entre les générations en faisant vieillir les jeunes et rajeunir les vieux ». Revenant sur la période du règne de Ben Ali, Kridis parle de la confiscation de l'espace de la société tunisienne. « Tout a été minutieusement confisqué : espaces associatifs, espaces ludiques, espaces culturels, espaces publics, espaces politiques, espaces touristiques jusqu'à l'espace privé où les médias officiels vous traquent avec leurs matraquages et leur langue de bois ». Avec la Révolution, il y a eu reconquête de ces espaces car c'est autour d'eux que s'organise la vie. Et lorsqu'on reconquiert son espace, on retrouve l'usage de ses mouvements, explique l'auteur. C'est pourquoi on parle de mouvement populaire et de mouvement de rue. C'est alors que la parole libérée regagne du sens. « En apprenant la parole, nous nous donnons la capacité de faire notre histoire, une histoire au sens où nous reconstruisons le sens de ce qui nous arrive, toute cette révolution est pour la démocratie, pour la dignité », analyse l'écrivain. Evoquant la police, Kridis utilise la métaphore suivante : « Dans n'importe quel jardin, tous les jardiniers savent que le degré zéro de parasites, d'éléments inutiles voire nocifs est utopique. Il va falloir cohabiter, recadrer et commencer un travail de réconciliation avec la police ». Pour ce qui est du nombre impressionnant des partis, l'auteur l'explique par « cette peur de voir revenir un tyran ». Pour ce qui est de l'utilisation de la religion dans la vie politique et publique, Kridis donne raison à Talbi sans lui reconnaitre certaines erreurs dans son raisonnement. L'auteur termine son opus par une métaphore sur la Tunisie qui serait selon lui à « l'image d'un repas nuptial « homs et zbib », symbole de l'union, de l'amour, de la fécondité et de la vie. « Penser la révolution » est un essai écrit à chaud sur le mode de l'émotion et de la psychologie. Il lui manque la rigueur scientifique et une certaine distance par rapport à l'événement. Inès Ben youssef « Penser la révolution » de Noureddine Kridis R.M.R. éditions