Et voilà que 2011 tire sa révérence et déguerpit. Se prévalant en ce sens d'une année exceptionnelle sur tous les plans, et ce depuis qu'elle s'est annoncée pleine d'évènements. Les changements qui s'y sont succédé n'ont laissé personne indifférente. Outre les acquis sur terrain enregistrés, la Tunisie a su faire parler d'elle partout à travers la planète. Un capital sympathie étoffée d'une nouvelle et excellente image de marque prend désormais la place d'une image d'un pays, assez peu connu, dictatorial, corrompu jusqu'aux dents, ayant un système très facilement qualifié de « sclérosé» et tout simplement low cost. La vision de toute la planète a changé à l'égard de notre pays, qu'allons-nous donc en faire ? Quel que soit le parti ayant remporté le plus de votes dans les élections, et quels que soient les reproches faits à ce nouveau gouvernement fraîchement mis en place, les Tunisiens sont tous condamnés à travailler ensemble. Des plus grands pans jusqu'aux plus minimes PME, on se trouve contraint d'améliorer un ensemble d'indicateurs afin de permettre certaines évolutions. L'une de ces urgences, concerne la productivité. Les chiffres de 2011 montrent à titre d'exemple que l'indicateur de productivité en Tunisie, a chuté à un niveau jamais atteint auparavant, notamment en raison des grèves injustifiées parfois et des demandes sociales exacerbées par la révolution. Le nombre de grèves illégales et sans préavis s'est élevé à 360, durant les dix premiers mois de l'année, contre quelque 240 grèves en 2010, selon l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA). Les statistiques de l'Observatoire de la Conjoncture économique à l'institut national de la statistique (INS), indiquent que l'indice de la production industrielle globale a accusé une baisse de 2,5% pendant les neufs premiers mois (2010-2011), alors qu'il était de 8,1% durant la même période 2009-2010. Pis encore, l'indicateur global a régressé de 132,7 points à fin septembre 2010 à 129,4 points pendant la même période de l'année 2011. N'étant plus un secret, c'est le secteur des mines qui a été le plus touché avec un indicateur de productivité ayant accusé une baisse de 94,1 points, durant les neufs premiers mois de l'année en cours, à 39,2 points durant la même période en 2010. Idem pour le secteur de l'énergie dont la productivité a régressé de 127,8 points à 120,6 points. Voilà donc, un tout premier volet à revoir et à corriger par les nouveaux maîtres des lieux. Le défi résiderait certainement dans leur capacité à créer cet environnement de consensus permettant aux travailleurs et aux chefs d'entreprises de donner « le meilleur d'eux même » afin d'atteindre des taux de productivité au moins proches de ceux de certains pays modèles. D'ailleurs, ce même indicateur de productivité a été, au cours de longues années, l'indicateur souligné comme faible par beaucoup d'investisseurs étrangers, Allemands, notamment. Améliorer les taux de productivité serait l'un de ces messages forts que la nouvelle Tunisie pourrait envoyer à l'ensemble des acteurs internationaux. Mais avant cela, le message le plus important à envoyer serait celui d'assainir les affaires. Les membres de ce nouveau gouvernement doivent mettre en premier lieu la lutte contre la corruption, dans toutes ses formes, l'une des priorités. Les grandes entreprises internationales, certaines d'entre elles au moins, avaient longtemps évité de s'engager dans des affaires avec la Tunisie, rien qu'à cause de cette réputation d'un pays corrompu. C'est alors la meilleure occasion qui soit pour envoyer un autre message, nouveau, et surtout différent même s'il est tout simple mais réconfortant. Le combat contre la corruption se ferait essentiellement au niveau de l'application des lois et non au niveau de la promulgation de nouvelles lois. L'arsenal juridique en Tunisie peut être considéré parmi les plus stricts et les plus modernes, mais ce qui fait toujours défaut c'est l'application sur le terrain. Certaines de nos lois sont même exagérément restrictives, limitatives et fermes, ce n'est certes pas un défaut, mais il faudrait tout juste savoir comment les mettre à l'œuvre. Tout ceci nous amène à évoquer ce terme de « transparence », un terme qui a toujours été vidé de son sens. La nouvelle Tunisie doit impérativement se défaire de cet esprit que la transparence règne. Dans toutes ses démarches et activités, l'administration tunisienne est désormais condamnée à être transparente, qu'il s'agisse des grands marchés, des marchés publics ou même des moindres recrutements en son sein. Et nous avons dans les événements récents du bassin minier la meilleure illustration que la transparence tarde encore à gagner du terrain. Il reste enfin le volet des mentalités. Toute l'année 2011 a témoigné des batailles multiples à l'intérieur de nos administrations et ministères sur les positions. Tout le monde, ou presque, a vu dans les changements de positions une aubaine pour décrocher une promotion afin de devenir un directeur, un chef de service ou autre poste plus rémunérant. La « méritocratie » demeure encore une expression qui sonne mal dans les oreilles de beaucoup de nos cadres. Tous ces maux dont souffre encore la Tunisie sont des freins à l'innovation. On ne peut pas innover dans un contexte corrompu, qui n'est pas transparent et où le népotisme est toujours de mise.