Une expo ayant pour titre «Lokhrine» (Eux ou Les Autres) sera organisée du 3 au 16 janvier 2012, à la Galerie Aire Libre à l'Espace El Teatro à Tunis, avec la participation des artistes peintres tunisiens Ibrahim Matous, Aa.Mim et Khaled Abed Rabbah. «Les Autres» est une mise en abyme du marginal. Un récursif de la pratique des artistes. L'œuvre et les artistes se joignent dans une structure gigogne. Le visiteur pourra alors découvrir des postures figées pourtant éphémères, des gestes tantôtgelés, tantôt vifs. «Pas peindre à Tunis» tel est le crédo non voulu de ces artistes trentenaires. Le premier est originaire de Béjà et peint à Hammam-Sousse, le second est originaire d'El Fahs et peint à Chott Mariem, le dernier peint entre Tataouine et Hergla. Ils ont tissé des liens autour de leurs pratiques nuancées néanmoins communes dans leur minimalisme, de leur représentation du marginal, de la peinture de l'écart. Une houle de silhouettes, une foule limite chaotique, c'est ainsi qu'on perçoit l'œuvre de Khaled Abed Rabbah. Un croisement de périmètres: des espaces dans l'espace, des territoires qui se chevauchent, un embranchement de corps: mi-homme, mi-bête, une hybridation de sexes: le féminin et le masculin.. Il fait partager une peinture «hypertextuelle» conduisant à une plasticité de la marge. Le travail de Aa.Mim, acronyme de l'artiste, s'élabore comme un témoignage sur l'être, ou plutôt la rencontre de l'être, de l'autre.. Des personnages amputés de leurs contextes originels, puis enracinés dans un territoire propre à la toile. Un territoire scénique qui se présente comme une corde interminable entre les marginaux et leurs objets, ces objets nommés désir. Une mise en retrait qui se veut comme une mise en écoute. Matous, c'est un pseudonyme qui a été créé à partir des méandres plastiques de l'artiste. Chez Ibrahim l'œuvre est dialogue, la peinture est parole. Ses personnages créent une béance vers une réalité en perce. Des visages, des figures et des visages, des strates de papiers collées, des colles fumées, superpositions de matière, arrachement de matériaux. Il s'approprie les couleurs et l'espace en créant un néo-espace limite impénétrable et pourtant si familier, mettant en exergue une certaine latence défiant cadrage et contours marqués. Voir, se voir et donner à voir ... (TAP)