Il a choisi une librairie pour y exposer ses peintures écrites et dessinées. Lui, c'est l'artiste plasticien tunisien Wissem El Abed, docteur en arts plastiques et sciences de l'art (Sorbonne) qui vit et travaille entre Tunis et Paris. Il expose actuellement à la librairie «Culturel» (Zéphyr, la Marsa). Pourquoi une librairie comme lieu d'exposition ? D'abord, parce que cela se fait de plus en plus fréquemment sous nos cieux, mais surtout parce que cela rejoint une approche esthétique chez l'artiste, celle de dialoguer avec les mots, en puisant de leurs sémantiques ou de leurs forces graphiques. En effet, Wissem El Abed a récemment illustré (dans le sens du dialogue pictural) l'ouvrage Harraga, les brûleurs de frontières de Saloua Ben Abda, en lui consacrant une série de ses «grosses têtes», des personnages fétiches qu'il met dans différentes situations. Dans cette exposition intitulée «Prises de têtes», l'artiste réédite quelques-unes de ces illustrations où ses «grosses têtes» à l'encre évoluent sur différents papiers (papier ministre, papier kraft...) dans des dimensions parallèles, faites tantôt de papier collés, tantôt de «graphies» ou d'écriture automatique et tout droit sorties d'une réalité crue, revue et revisitée par le plasticien. Des têtes grossièrement énormes, des faces distordues qui viennent phagocyter et remettre au jour «la violence des paradoxes qui sillonnent le monde actuellement», comme l'exprime l'artiste. Déployées dans différentes situations, ces «grosses têtes» révèlent une pratique artistique qui vient interroger l'autre et le dehors, «un monde sous le signe de l'indiscrètement humain», souligne Wissem El Abed. Ce dernier, bien qu'ayant à son actif un bon nombre d'expositions personnelles et collectives, ainsi que des participations à des foires internationales d'art contemporain, expose presque pour la première en Tunisie ! Nous espérons le voir plus souvent. L'exposition se poursuit jusqu'au 7 décembre 2011.