Les promesses d'extradition de Baghdadi Mahmoudi provoquent un tollé. Hier, à la Maison de la culture Ibn Rachiq des acteurs de premier rang de la société civile ont répondu à l'appel d'Amnesty international et de celui de l'Organisation tunisienne de lutte contre la torture. Le but étant de déclarer un refus obstiné d'une possible extradition de l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, les conditions d'un procès équitable étant non réunies. Un procès équitable
« Il ne faut pas se leurrer. Nous sommes pour que Mahmoudi comparaisse en jugement, lequel ne doit pas être hâtif et erroné. » avance Sondès Garbouj la présidente d'Amnesty international Tunisie. Une idée reprise par Radhia Nasraoui qui continue « Les droits humains ne sont pas respectés en Libye actuellement. Personne ne peut nier que Kadhafi a été lynché et sauvagement agressé par les milices révolutionnaires. ». La présidente de l'Organisation tunisienne de la lutte contre la torture n'aime pas faire les choses dans la dentelle. Me Nasraoui ne veut pas entendre parler de la ‘'Raison d'Etat'' qui fait écho selon elle ces derniers temps pour servir d'alibi pour l'extradition de Baghdadi Mahmoudi. Elle va jusqu'à montrer du doigt la position de la justice tunisienne qui selon ses dires « fait la sourde oreille alors que la convention signée par la Tunisie en 1988 ne permet pas de livrer une personne à une autorité qui lui infligera une torture. » dit-elle en ajoutant « Même du point de vue éthique, il n'est pas de nos traditions de Tunisiens de livrer une personne qui vient chercher refuge chez nous. » La présidente de l'Organisation tunisienne de lutte contre la torture n'oubliera pas de rappeler à l'assistance que cette conférence de presse est un premier signal envoyé à qui veut le considérer en tant que tel et que d'autres s'en suivront si le gouvernement tunisien décidera d'extrader Mahmoudi.
« Monsieur le président, libérez Mahmoudi !»
Me Béchir Essid le président du comité de défense de Mahmoudi n'en revient pas « Mais le mandat de ramener a expiré et donc il n'y a pas de raison qu'il reste encore en prison d'autant plus que la loi tunisienne ne permet l'extradition dont la finalité est politique. A cela s'ajoute le fait que l'état de santé de mon client est lamentable et qu'il ne reçoit pas les soins idoines dans sa cellule. Notre Président de la République doit libérer Mahmoudi et non pas l'extrader. » dit-il en condamnant dans la foulée ce qu'il appelle des « pratiques de l'ancienne dictature qui ont privé à deux reprises Mahmoudi de son droit à la défense » Intégrité morale et physique d'un être humain D'aucuns considèrent, par ailleurs, que toute atteinte à l'intégrité morale et physique d'un être humain doit être respectée même s'il est question d'un ancien homme politique sous le régime Kadhafi. L'assistance exprimera également sa déception quant aux promesses d'extradition qui émanent d'un Président ayant fait de son militantisme dans les droits humains un combat quotidien et d'une personne ayant été réprimée, brimée et persécutée à souhait du temps de l'ancienne dictature pour pouvoir au final vivre en France sans pour autant être livrée aux autorités tunisiennes. Certains parmi les représentants d'associations et d'organisations exerçant dans le domaine les libertés et des droits humains ont persisté dans leur refus de présenter Baghdadi Mahmoudi tant que la personne en question peut encourir la peine capitale. Pour Habib Marsit le président de la « Coalition nationale pour l'abolition de la peine de mort » « La question est résolue d'avance. Nous refusons de livrer Mahmoudi aux autorités libyennes où la peine capitale est encore pratiquée. Il est des pays arabes où la loi l'édicte mais elle n'est pas applicable comme c'est le cas en Tunisie, en Algérie, au Maroc et en Jordanie. Par extrapolation, on se refuse à l'idée de demander l'extradition de Ben Ali tant que la peine capitale n'a pas été abolie par la loi en Tunisie. » Abdessattar Ben Moussa, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme a, de son côté, invoqué le fait qu'un être humain ne doit en aucun cas être privé de son droit à la vie. Mona BEN GAMRA daassi Lepecheur