• Les pertes occasionnées à l'économie nationale s'élèvent à 2.5 milliards de dollars Mr Samir Dilou, ministre des Droits de l'homme et de la Justice transitionnelle et porte parole du gouvernement, a donné, hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, une conférence de presse au cours de laquelle il a fourni des éclaircissements supplémentaires sur les nouvelles mesures et décisions prises en faveur des blessés de la Révolution et des familles des martyrs, par le conseil ministériel tenu le 28 décembre 2011 et le conseil ministériel restreint tenu le 4 janvier 2012. Il a également passé en revue les grandes lignes et les principes de la politique que le gouvernement se propose d'appliquer pour assainir le climat social et surmonter l'état de désordre social causé par les grèves et les actions de protestation anarchiques afin de permettre la reprise de l'activité économique dans des conditions favorables et assurer la réalisation des objectifs fixés en matière de croissance et de développement économique et social. Mr Samir Dilou a mis l'accent sur le devoir incombant à la communauté nationale envers les martyrs et les blessés de la Révolution à travers leur dédommagement pour les sacrifices qu'ils ont consentis au service du pays et du peuple tunisien. Il a souligné la détermination du gouvernement à mettre en application tous les engagements pris dans ce but en adoptant les listes établies par l' ancien gouvernement. Il a été ainsi décidé de verser une deuxième tranche de dédommagements égale à la première tranche, et de mettre en exécution la décision relative à la constitution d'une commission médicale chargée d'examiner les blessés pour fournir les soins médicaux à ceux qui en ont besoin, dans les hôpitaux de la santé publique, y compris l'hôpital militaire ou encore à l'étranger s'il s'avère nécessaire. Il a été décidé de fixer la date de démarrage du travail de cette commission qui opérera sous l'égide du ministère des affaires sociales. Ce département est aussi chargé de verser les pensions pour les blessés et les familles des martyrs. Les blessés de la Révolution auront droit à une carte de soins gratuits dans les hôpitaux de la santé publique, ainsi que le transport gratuit dans les moyens de transport public, et ils bénéficieront d'une bonification lors de l'emploi dans le secteur public, sous forme de points supplémentaire à leur score. Mr Samir Dilou a indiqué que ce dédommagement est un droit pour les martyrs et les blessés de la Révolution et non pas une faveur, mais quoique cette compensation ne puisse pas redonner la vie aux martyrs ni remplacer les dégâts corporels des blessés, l'Etat et le gouvernement ont tenu à les dédommager. Il a appelé les intéressés à être, à leur tour, au niveau de cette sollicitude, en accordant leur confiance aux autorités. Climat social S'agissant de la politique que le gouvernement compte suivre pour assainir le climat social et mettre fin au désordre social, Mr Samir Dilou a affirmé la volonté du gouvernement d'appliquer la loi selon les exigences fixées par la loi en ce qui concerne le respect des droits de l'homme et des acquis révolutionnaires dans ce domaine. Il a fait remarquer que la Révolution tunisienne a adopté les manifestations et les actions de protestation pacifiques pour renverser l'ancien régime et ouvrir la voie à la mise en place d'un régime démocratique fondé sur le respect des libertés individuelles, et publiques et des droits de l'homme en général. Aussi, le gouvernement ne peut être que fidèle à cet esprit de la Révolution, et il a choisi de favoriser la voie du dialogue et de la négociation dans la solution du dossier des grèves et des actions de protestation anarchiques, au lieu du recours systématique aux solutions sécuritaires , en faisant intervenir les forces de l'ordre, comme le faisait l'ancien régime. Cette démarche lui a valu d'être accusé d'indécision et de laisser aller dans sa politique en la matière. Mais, a-t-il dit ,la situation exceptionnelle du pays réclame cette tolérance exceptionnelle, à tous les niveaux, y compris au niveau du secteur de l'information où le gouvernement a été amené, à plusieurs reprises, à fermer les yeux devant de véritables dérives à travers la publication d'informations infondées dont certaines touchaient à l'institution militaire et exposaient leurs auteurs à l'emprisonnement immédiat. Ainsi, le gouvernement avait décidé de faire intervenir les forces de l'ordre pour régler le mouvement d'l'occupation de la Faculté des lettres de la Manouba, par un groupe d'étudiants, mais ce groupe a de nouveau repris son occupation des lieux devant les bureaux de l'administration. Des délégations ministérielles ont été également dépêchées dans le gouvernorat de Gafsa pour régler les grèves et les actes de protestation anarchiques qui paralysent l'activité du secteur des phosphates, dans cette région, au moyen du dialogue et de la persuasion. Le porte parole du gouvernement a estimé qu'une ébauche de solutions pacifiques se dessine dans ce domaine. Mr Samir Dilou a souligné que la problématique réside dans le fait qu'avec l'adhésion aux options démocratique, le droit de s'exprimer devient considérablement large, face au rétrécissement de la marge de manœuvre des pouvoirs publics quant à la gestion des formes d'expressions de ce droit, en raison de leur engagement à ce que l'application de la loi se passe selon les exigences de la loi en ce qui concerne le respect des droits de l'homme et des libertés individuelles et publiques. Mr Samir Dilou a exhorté les partis politiques, les composantes de la société civile et les organes d'information à aider le gouvernement, dans ce domaine, en adoptant un discours positif et objectif à ce sujet, car la situation économique ne peut plus supporter davantage de désordre social et de suspension du travail quelle que soit la légitimité des revendications. Pertes énormes Le porte parole du gouvernement a indiqué que l'année 2011 a vu l'organisation de 513 grèves dont 164 seulement étaient légales, alors que 350 mouvements étaient anarchiques. Les pertes occasionnées à l'économie nationale s'étaient élevées, au total, à 2,5 milliards de dollars, soit une somme permettant de créer 100 mille emplois. Au même moment, l'approvisionnement du marché en produits de base a connu des perturbations et des pénuries dans des denrées qui n'avaient jamais manqué, comme le lait ,les eaux minérales, le gaz en bouteilles. Mr Samir Dilou a évoqué la situation désastreuse dans laquelle est tombé le secteur de production et de transformation du phosphate en Tunisie, et les pertes énormes enregistrées dans ce domaine et qui auraient pu être évitées et remplacées par des bénéfices, compte tenu de l'augmentation importante qu'ont connue les cours des produits du phosphate sur le marché international, en 2011.Mais le plus grave a été les incidences sur la réputation de la Tunisie dans ce domaine, car la Tunisie exporte le phosphate et dérivées vers 100 pays et il a commencé à perdre la confiance de ses clients. Le porte parole du gouvernement a conclu en soulignant que la Tunisie qui a inauguré le printemps des révolutions arabes ainsi que le printemps des transitions démocratiques arabes a, aujourd'hui, les yeux du monde entier tournés vers lui, comme le prouve le ballet diplomatique qu'elle a connu, ces derniers jours, ce qui commande aux tunisiens de déployer tous leurs efforts en vue de réaliser les objectifs de leur Révolution, et par voie de conséquence, les grands espoirs que les autres fondent sur l'aboutissement de cette prestigieuse réalisation.