• Report de l'affaire au 14 février. • Désormais, un comité de défense composé de 17 avocats, tous Tunisiens. • Silence gouvernemental autour du procès Mahmoudi détenu « illégalement en prison » selon son comité de défense. On n'en finit pas avec l'affaire Baghdadi Mahmoudi, qui suscite de grands remous. « C'est bien évidemment d'une affaire politique dont il s'agit » avance Me Mabrouk Korchide qui nous rappelle que l'affaire s'entoure d'un silence gouvernemental, que les lettres officielles du comité de défense n'ont pas pu, jusque-là, rompre. « Nous avons communiqué à la présidence de la République, le ministère de la Justice et celui des droits de l'Homme. Ce dernier a été dernièrement créé pour rétablir dans leurs droits ceux qui en sont privés. Mais malheureusement aucune réponse ne nous a été livrée par ce ministère censé plaider pour les droits humains. Cela est valable également pour le président de la République lui-même ancien militant des droits de l'Homme. » Avance, non sans amertume, notre interlocuteur qui nous appelle depuis Tozeur, là où la cour d'appel de la ville a décidé de reporter l'examen de l'affaire, à la demande de la défense. Le comité de défense plaide « non coupable » Désormais, ils seront quelques 17 avocats qui plaideront non coupable pour leur client écroué en prison d'une manière « abusive » vu que sa détention actuellement n'a aucun motif légal. « Je rappelle que le mandat d'amener, dont la durée est d'un mois, a expiré et mon client est toujours en prison. C'est complètement aberrant. Et il est possible que ce dernier soit l'objet d'une affaire réglée à l'avance entre les deux gouvernements tunisien et libyen qui fait que mon client reste détenu dans le territoire tunisien. Et c'est là une forme de punition qui arrange les deux parties. Mais non pas celle des droits de l'Homme. » Continue Me Korchide qui nous explique dans la foulée que l'état de santé de Baghdadi Mahmoudi est plus que lamentable. Cette donne a amené Abdessattar Ben Moussa, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme à demander la libération immédiate de l'ancien premier ministre libyen qui soutient l'idée que Baghdadi a été instrumentalisé et rejette de ce fait le mobile avancé par la partie officielle tunisienne et qui prétend que Mahmoudi sera mieux en prison vu qu'une fois mis en liberté, il le sera moins ! De l'asile politique à la prison Cela est d'autant plus avéré que l'on considère que Bagdhdadi Mahmoudi toujours selon Me Korchide a passé un mois en Tunisie avant même d'être détenu par les autorités tunisiennes alors qu'il s'apprêtait à partir pour l'Algérie et que son passeport était en règle. « Mon client est venu s'installer en Tunisie croyant que le pays qu'il a tant aidé du temps de Kadhafi va le lui rendre. Mahmoudi était l'homme de consensus qui était derrière la réouverture des frontières tuniso-libyennes et il a poussé son pays à contracter plusieurs conventions de partenariat avec la Tunisie. Il a de la famille au sud tunisien et il se considère un des nôtres. » Avance-t-il, en faisant entendre cette fois que la Raison d'Etat a pris le dessus jusque-là,… au mépris des droits humains. Mona BEN GAMRA
Silence radio, pour Me Sémir Dilou, ministre des droits de l'Homme On croyait révolus les temps du silence gardé sur l'information institutionnelle, pratiques courantes de l'ancienne dictature et longtemps murées dans le silence. Il ne faut surtout pas se leurrer, car Me Sémir Dilou, ministre ‘'provisoire'' des droits de l'Homme serait plutôt un adepte du proverbe qui dit « la parole est d'argent et le silence est d'or. » Et si, ces derniers temps, Monsieur le ministre ‘'provisoire'' n'a pas lésiné à prêter sa voix à des radios et à des chaînes de télévision, pour la presse écrite il aurait préféré afficher ‘'silence radio''. Me Dilou qu'on a ‘'gentiment'' matraqué de coups de téléphones pour s'informer sur l'affaire Baghdadi Mahmoudi, n'a pas daigné nous répondre. L'assistante de monsieur le ministre ‘'provisoire'' n'a pas trouvé mieux que de nous informer que son chef hiérarchique était occupé et devant notre insistance elle nous confie qu'il regardait le discours de Bachar Assad. En ces temps où les regards sont rivés sur les violations des droits humains en Syrie, nos responsables provisoires feraient mieux de commencer par voir ceux qui se produisent dans nos murs. Balayer devant chez nous, disons autrement.