Il est enseignant de théâtre, metteur en scène de plusieurs pièces, il s'est surtout fait connaître dans le film « Kochkhach » de Selma Baccar dans lequel il interprète un colosse au pied d'argile à la sensibilité à fleur de peau interné dans un hôpital psychiatrique et qui tombe amoureux d'une déprimée. Dans la 15ème édition des JTC, il a participé à un spectacle de Fdaoui et a présenté sa dernière création théâtrale «Conscience vive» d'après Slavomir Marujek et produite par la Compagnie Virgule. Alaeddine Ayoub, c'est de lui qu'il s'agit, est une figure qui compte dans le paysage du quatrième art tunisien. Nous lui avons posé trois questions. Le Temps: comment évaluez-vous la 15ème session des Journées Théâtrales de Carthage et quels sont les enseignements que vous en tirez? Alaeddine Ayoub : il y a quelques aspects que j'aimerais mettre en valeur dans la mesure où ils ont introduit un certain dynamisme à cette session. Il s'agit des remarques suivantes: La dimension régionale imprimée à cette session, ce qui constitue la concrétisation d'une revendication que les professionnels du secteur n'arrêtaient pas d'exprimer d'une session à l'autre. Mon vœu est que la rupture avec la mentalité centralisante soit définitive et que davantage de régions bénéficient de spectacles, à l'avenir. Le retour du théâtre amateur et du théâtre pour enfants. La présence de ces deux théâtres est très importante et je souhaite que les JTC s'ouvrent dans leur prochaine session sur le théâtre jeune public réservé à ceux dont l'âge varie entre 17 et 21 ans. Le retour des rencontres- discussion après la présentation des spectacles. C'est une tradition qui nous a beaucoup manqué au cours des dernières sessions. Offrir l'opportunité au public de discuter et d'analyser le spectacle est très important dans son initiation à acquérir les mécanismes de la critique, à accéder à des lectures variées du spectacle lui-même et à le percevoir, selon des angles diversifiés. La diversification des spectacles offerts au public qui ont atteint 53 pièces de théâtre. Toutefois, nous aurions aimé que personne parmi les hommes de théâtre tunisiens ne se sente exclu ou marginalisé. Pour certains spectacles, il était préférable qu'ils soient présentés deux fois, afin de permettre à ceux qui ont raté le premier spectacle de pouvoir le découvrir lors de la deuxième présentation. Pour ce qui est des prix, la poursuite de leur absence constitue un choix qu'il importe de réviser à l'avenir. Car la motivation matérielle des créateurs, plus particulièrement les jeunes et les débutants, constitue un facteur déterminant dans leur aventure et leur capacité à surmonter les difficultés, à se faire connaître et s'imposer sur la scène culturelle. Pour ces raisons, j'appelle à la réinstauration des prix. Quant aux critères qui ont présidé au choix des spectacles participant à cette session des JTC, je pose la question: où est la jeunesse théâtrale dans le monde? Je revendique l'introduction d'une note jeune aux participations et j'exhorte les organisateurs à parier sur les jeunes. La participation des hommes de théâtre tunisien et des créateurs aux colloques et rencontres-débats organisés en marge des JTC a été presque limitée? Comment expliquez-vous ce phénomène? Je pense qu'il faut réviser les thématiques soumises à la réflexion générale qui pourraient ne pas répondre aux attentes des créateurs tunisiens. J'ai le sentiment qu'il existe un certain malentendu pour ce qui est des problématiques à discuter. Je pense également que la forme que prennent ces rencontres-débats est à réviser. Idem pour certains animateurs qui semblent dépassés et ne pas avoir accompagner les nouveautés qui marquent la scène culturelle nationale et internationale. Et votre participation personnelle aux JTC, Comment l'avez-vous vécue? J'ai participé avec une pièce de théâtre intitulée: «Conscience vive» que j'ai écrite et dont j'ai assuré la mise en scène. Malheureusement, l'affluence du public n'a pas été à la hauteur de mes attentes pour diverses raisons dont en premier lieu, l'éloignement de l'espace où j'ai présenté mon spectacle. J'ai pris part également au spectacle «Fdaoui» qui a connu une bonne affluence de la part des spectateurs. J'ai contribué au colloque sur l'écriture dramatique avec une communication intitulée «Pour qui écris-tu?» et j'ai été parmi les animateurs de la rencontre sur le mécénat culturel, étant membre du réseau africain des acteurs culturels qui a pour objectif d'aider les jeunes artistes à monter leurs propres projets. Propos recueillis par Inès Ben Youssef