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L'administration gère seule l'organisation des examens; position molle du ministère… Tension persistante autour du port du Niqab à la Faculté des Lettres de la Manouba
• Transformation de la faculté en centre d'examens et interdiction de toute autre activité pédagogique pendant cinq jours • Les étudiantes portant le Niqab doivent s'engager par écrit à se dévoiler pendant les examens • Le doyen de la faculté demande l'évacuation d'une vingtaine d'étudiants partisans du port du voile intégral qui observent un sit-in dans l'enceinte de la faculté • Les salafistes campent sur leurs positions; cinq nouvelles étudiantes en niqab rejoignent la grève de la faim entamée par leurs camarades le 18 janvier Les examens semestriels démarrent, aujourd'hui, à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba dans un climat d'extrême tension entre les étudiants salafistes qui militent pour le port du voile intégral même durant les examens et l'administration de l'établissement. Face à la position molle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui s'est jusque-là contenté d'appeler les protagonistes au dialogue, l'administration et le corps enseignant se sont résolus à gérer seuls l'organisation des examens. «Le ministère nous a promis de veiller sur le bon déroulement des examens, mais n'a rien entrepris dans ce sens. C'est pourquoi nous avons décidé de compter sur nos propres moyens», affirme Habib Kazdaghli, le doyen de la faculté. Et d'ajouter: « nous avons décidé de transformer la faculté en centre d'examens et d'interdire toute autre activité pédagogique pendant cinq jours. Cette décision a été entérinée par l'Assemblée générale du syndicat de base des enseignants et par le Conseil scientifique de l'établissement». Le doyen, qui a toutefois appelé les autorités compétentes à évacuer une vingtaine d'étudiants partisans du Niqab observant un sit-in dans l'enceinte de la faculté, précise également qu'un comité d'organisation composé d'enseignants et d'agents administratifs a été mis en place pour veiller sur le bon déroulent des examens. Ce comité se chargera de vérifier l'identité des étudiants à l'entrée de l'établissement et d'obliger les filles portant le Niqab à s'engager par écrit à se dévoiler pendant les examens. «Ces mesures visent à limiter les risques de débordement pendant la période d'examens. Depuis la reprise des cours, le 9 janvier, nous avons recensé 40 actes d'agression contre des enseignants, perpétrés par un groupe de 15 à 20 personnes qui s'en prennent aux enseignants dès que ces derniers refusent l'accès en classe à une étudiante en Niqab», assure le doyen de la faculté. Dix étudiantes en Niqab en grève de la faim Les enseignants ne comptent pas, eux aussi, céder à la pression des partisans du voile intégral. Le syndicat de base des enseignants de la faculté a, en effet, appelé ses adhérents à porter le brassard rouge tout au long de la période des examens semestriels, qui s'étalera jusqu'au 28 janvier. «Les enseignants dont certains ont été insultés, molestés et humiliés devant leurs étudiants exprimeront ainsi leur colère contre toutes les pratiques étrangères à nos coutumes et à notre manière de vivre », souligne Khaled Nouicer, secrétaire général du syndicat. Du côté des salafistes, le port du voile intégral à l'Université semble être une question de vie ou de mort. A preuve: cinq nouvelles étudiantes ont rejoint, samedi dernier, la grève de la faim entamée le 18 janvier par cinq de leurs camarades pour revendiquer le port du niqab en classe et durant les examens. « La grève de la faim à laquelle participe désormais dix étudiantes se poursuit dans une résidence privée », déclare Mohamed El Bakhti, porte-parole d'un groupe salafiste actif à la Faculté des Lettres de la Manouba. Cet étudiant en première année histoire coordonne le groupe qui poursuit un sit-in de protestation à la faculté précise que les grévistes ne comptent pas lâcher prise. « Nous continuerons par tous les moyens légitimes à défendre le droit de nos sœurs à porter du Niqab d'autant plus que cette question relève du champ des libertés individuelles», assure-t-il. A noter que les examens semestriels qui concernent 13.000 inscrits à la faculté ont été retardés à cause d'une suspension des cours entre le 6 décembre 2011 et le 9 janvier 2012, en raison du sit-in observé par les salafistes dans l'enceinte de la faculté.