• Pertes évaluées entre 8 et 9 mille postes d'emploi • Baisse des investissements déclarés dans l'industrie et les services • La valeur ajoutée technologique des produits tunisiens est de 35%, affirme le DG de l'APII L'avalanche de chiffres et de bilans alarmants annonçant une économie tunisienne souffrante de plus en plus ne cesse de proliférer. Avec des indicateurs macroéconomiques en baisse, le secteur des industries et des services présente, quant à lui, un bilan mi-figue mi raisin. Mais c'est surtout une intention de remettre les pendules à l'heure au cours de 2012 qui prévaut. Pourvu que la situation sécuritaire s'améliore et que les entreprises, tunisiennes et étrangères, aient le temps de respirer un peu pour au moins reprendre le niveau des exercices passés. Il faudrait tout d'abord commencer par récupérer ou suppléer 172 entreprises qui ont, officiellement, quitté la Tunisie. Une fugue par qui a résulté la perte de 8 à 9 mille postes d'emploi. C'est ce qu'a annoncé Férid Tounsi, directeur général de l'Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation, lors de son rendez-vous périodique avec les médias. Il a présenté l'activité de l'agence, mais il a donné aussi beaucoup de chiffres sur les performances de deux piliers de l'économie tunisienne, à savoir l'industrie et les services. Il ressort, en gros, du bilan de l'exercice écoulé, que l'année 2011 a connu 3919 déclarations d'investissement dans le secteur industriel, contre 4168 déclarations d'investissement en 2010, soit une baisse de 6.6%. Ceci ne s'est cependant pas traduit en baisse au niveau des investissements en valeur, puisqu'on a enregistré une croissance de 10.2% entre 3343 millions de dinars en 2010 et 3684 millions de dinars enregistrés en 2011. La baisse a été surtout visible au niveau des postes d'emploi créés, qui a chuté de 17.7% en chutant de 100 436 postes d'emploi créés en 2010, à 83 057 emplois créés en 2011. Dans le secteur des services, le seul salut vient des postes d'emploi créés. Une initiative qui a permis de réaliser une belle croissance de 22.5%, en passant de 42697 emplois créés en 2010, à 52326 emplois créés en 2011. Ceci malgré une baisse du nombre des projets déclarés, qui est allée de 8146 projets en 2010 à 7386 projets créés en 2011 (soit une baisse de 9.3%), et une baisse des investissements, de 1466 millions de dinars en 2010, à 1160 millions de dinars en 2011, soit une chute de l'ordre de 26.3%. Au niveau de la création légale d'entreprises, on souligne une croissance de 6%, étant donné l'évolution de 6195 enregistrée en 2010 à 6574 créations en 2011. Des montants alloués non utilisés Férid Tounsi est revenu par ailleurs sur le bilan de l'activité de l'APII. Une agence qui a assuré le suivi de 8370 projets, soit 93% de ce qui a été programmé. 2800 projets, d'un total de 4200 programmés, ont été déclarés dans le secteur des services, soit 68% de l'ensemble. L'Agence a aussi, affirme encore son DG, élaboré son rapport de suivi, contenant les taux de réalisation de projets, et l'a adressé à l'ensemble des ministères de tutelle. De ce rapport, il ressort que des bonus matériels d'une valeur de 50.4 millions de dinars ont été accordés à 286 projets dans le cadre de la promotion du développement régional. Quelque 33 millions de dinars ont été débloqués. Dans le cadre de la promotion des et de l'encouragement de jeunes créateurs et la PME (Petite en moyenne entreprises) en général, des financements de l'ordre de 26.9 millions de dinars ont été approuvés en 2011 au profit de 142 projets. Seulement 19 millions de dinars ont été débloqués. Concernant cette différence le DG de l'APII explique que « cette marge entre les montants approuvés et les fonds débloqués revient essentiellement aux promoteurs qui n'ont pas accompli l'ensemble de procédures leur permettant de bénéficier de ces fonds destinés à leurs investissements ». Ceci n'a pas empêché la réalisation d'une croissance peu significative de 7.1% au niveau de la contribution au financement (de 25.1 millions de dinars en 2010 à 26.9 millions de dinars en 2011), mais qui n'a pas empêché une baisse au niveau du nombre de projets, étant donné qu'en 2010 159 projets avaient été créés (soit une baisse de 10%). Sur le plan de la promotion régionale, la baisse a touché les deux niveaux. On déplore une baisse de l'ordre de 7.1% au niveau du nombre des projets créés (308 en 2010 à 286 en 2011), ainsi qu'une baisse de 4.1% au niveau des investissements (de 52.6 millions de dinars en 2010, à 50.4 millions de dinars en 2011). L'Innovation, une bataille perdue ? Pour le dernier volet de la dénomination qu'elle porte, l'Innovation, l'Agence semble se préparer à une année 2012 plutôt riche au niveau des événements à organiser. Ainsi, la version définitive de l'annuaire de l'innovation, élaboré en collaboration avec le ministère de l'Industrie et des Technologies (c'est ce qui a paru dans le document de l'APII, alors que le nouveau ministère du gouvernement provisoire regroupe l'Industrie et le Commerce), et l'Agence Allemande de Coopération (GTZ). Un nombre d'entreprises innovantes sera à son tour promu, alors qu'une Task Force (un groupe de travail) sera créé et qui comprendra des cadres de l'Agence et des centres sectoriels, ainsi que l'organisation de la participation des entreprises tunisiennes innovantes dans des événements à l'étranger. On a beau évoquer cet aspect de l'innovation au sein des entreprises et des PME tunisiennes, mais au vu de la conjoncture que traverse le pays, on voit très mal cet aspect, aussi important et crucial qu'il soit, traité convenablement dans les débats et les plateaux. On serait peut être satisfait de savoir que le taux de la valeur ajoutée des produits tunisiens est actuellement de 35%, comme l'a indiqué Férid Tounsi, mais avec les temps qui courent, on imagine difficilement ce taux atteindre les 50%, comme tant espéré.