Les propos de Madame Sihem Badi (pourtant d'obédience CPR) sur le mariage coutumier sont d'une extrême gravité. Voilà donc Madame LA (oui la) ministre qui se projette sur le mariage coutumier (« ourfi ») le qualifiant de « liberté personnelle ». Est-ce là la panacée qu'elle préconise pour lever l'équivoque des « Safirates », ou alors un moyen très « nahdhaoui », de juguler l'adultère et de permettre comme, l'a affirmé à maintes reprises « Le guide suprême », aux jeunes filles de se marier et de fonder une famille ? Une déclaration par ci, une déclaration par là et voilà que les intentions – à long terme – de l'idéologie nahdhaouie commencent par percer les tabous (au nom des tabous précisément) pour ensuite préparer le terrain à cette refonte sociétale dont le nœud gordien reste la femme ; car sans cette refonte elle ne serait pas dans l'objectif (le sien) et ne serait pas non plus dans sa vocation. Sauf que Madame la ministre oublie qu'elle est d'abord une femme elle-même, et qu'elle est là pour défendre les intérêts des femmes et leur intérêt à celles-ci réside dans la préservation du Code du Statut Personnel dont Ennahdha affirme qu'il restera inviolable alimentant paradoxalement la suspicion générale de la société civile autour de son péremptoire double langage. Au demeurant, le concept de « libertés personnelles » dans lequel se réfugie Madame Badi pour y inscrire précisément le mariage coutumier, distille des connotations autorisant toutes les dérives. Le droit au Niqab et le droit au string ; le devoir de monogamie et le droit à la polygamie ; le droit au culte, mais pas n'importe lequel, et tout cela au nom d'un droit plus général qui est le droit à la différence. Le fait est là cependant : si l'on élargit de cette manière le champ des libertés individuelles, c'est bien tactiquement pour parvenir jusqu'à la femme, fantasme incontournable de toutes les mouvances religieuses, outil de manipulation sexiste, et l'aphrodisiaque fantasmé par les machos de tout acabit. L'ennui est que ce n'est pas le macho qui parle, mais bel et bien une femme, une ministre qui exhume en l'occurrence les réminiscences et les magmas d'une époque révolue marquée par le syndrome machiste de « Si Essayed » puissant héros de la trilogie de Néjib Mahfoudh. Raouf KHALSI sihem Daoud Fatma a aghioul samir salem