• Marche pacifique des forces de sécurité intérieure • Contre-manifestation des partisans d'Ennahdha Une centaine de policiers ont organisé, hier à Tunis, une marche pacifique pour protester contre les agressions répétées contre les forces de l'ordre et réclamer un cadre juridique règlementant leur travail. En civil ou en uniforme, les agents de l'ordre qui ont défilé dans les rues de la capitale répondaient ainsi à l'appel du syndicat national des forces de sécurité intérieure. Les protestataires ont scandé des slogans appelant le gouvernement à incriminer les actes de violence et les opérations de pillage visant les agents de l'ordre et les postes de police dans plusieurs régions du pays. Ils ont également appelé le gouvernement à mettre en place un cadre juridique de nature à assurer la protection des forces de sécurité intérieure et à définir clairement leurs modes d'intervention en matière de préservation de l'ordre public. «Vivement un cadre juridique protégeant les agents lors de l'exercice de leurs fonctions», «Pour des forces de sécurité républicaines», «Non à la politisation de l'institution sécuritaire» ont notamment scandé les policiers, qui entonnaient l'hymne national. «Nos revendications ne sont ni matérielles ni sociales. Elles rejoignent les demandes exprimées par la population qui appelle massivement les forces de sécurité à faire face dans le respect de la loi, aux délinquants et aux hors-la-loi qui sèment les troubles dans le pays », souligne Abdelhamid Jarray, secrétaire général du syndicat des forces de sécurité intérieure, indiquant que le mouvement de protestation n'a pas entravé la bonne marche du travail des forces de l'ordre. Et d'ajouter « nous sommes quasi-quotidiennement victimes d'actes de violence qui ont même touché nos familles et nos domiciles alors que le gouvernement, les partis politique et la société civile se murent dans un silence assourdissant. Les policiers en ont aujourd'hui ras-le bol». Contre-manifestation Concrètement, les agents de l'ordre réclament l'application des lois incriminant les violences commises contre les fonctionnaires lors de l'exercice de leurs fonctions. Ils souhaitent également que les interventions des forces de l'ordre dans le domaine de la levée des sit-in et des blocages des routes soient menées en présence de représentants du parquet et de la police technique. «Les forces de sécurité intérieure s'attachent à la mise en œuvre immédiate d'une législation qui dépasse la loi N°4 datant de 1969 et la loi N°70 de 1982, lesquelles ne répondent plus aux principes de la révolution et ne garantissent pas de protection aux agents lors de l'accomplissement de leurs fonctions», précise Abdelhamid Jarray. Partie de l'avenue Habib Bourguiba, la marche a emprunté un parcours de plusieurs kilomètres en plein centre de Tunis pour aboutir à la place du gouvernement à la Kasbah, où se tenait depuis mercredi un sit-in d'une vingtaine de membres du Bureau exécutif du syndicat des forces de sécuritaire intérieure pour les mêmes motifs. La marche s'est globalement achevée sans incident malgré une contre-manifestation organisée à la Kasbah par quelque 200 partisans du mouvement islamiste Ennahdha. Ces derniers ont exprimé leur soutien à Ali Laârayedh, ministre de l'Intérieur, et au gouvernement. Les manifestants nahdhaouis, qui ont scandé des slogans tels que «Le gouvernement est choisi par le peuple», «Oui à l'assainissement du ministère de l'intérieur» ou encore «le peuple veut la levée du sit-in», ont pris langue avec les protestataires pour tenter de les convaincre de lever leur sit-in. Suite à des discussions engagées avec des représentants du ministère de l'Intérieur, le syndicat des forces de sécurité intérieure qui regroupe plusieurs corps sécuritaires a fini par décider de lever le sit-in controversé. «Nous nous sommes mis d'accord avec les services du ministère sur le lancement des négociations qui devraient aboutir à un accord global sur les principales revendications des forces de sécurité», précise le secrétaire général du syndicat. A noter que le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh a estimé, mercredi après-midi, que les mouvements de protestation des forces sont «illégaux», tout en révélant que son département a entamé des consultations avec le ministère de la Justice en vue d'adopter une nouvelle législation portant organisation du travail des forces de sécurité.