Face au diktat des tours opérateurs, l'endettement de la quasi-totalité des unités hôtelières, la réduction des flux touristiques, que pourrait faire la Tunisie pour relancer son tourisme ? A priori, rien n'est encore décidé. Et même avec les tentatives des nouveaux gouvernants à aider le secteur pour sortir de sa crise, le flou persiste concernant l'avenir d'une année 2012 qui semble se préparer à vivre une année qui s'annonce difficile à l'instar de l'année dernière. Récemment, lors d'un conseil ministériel, Elyes Fakhfakh, le ministre du tourisme vient d'annoncer que le budget de promotion de la Tunisie est évalué à quelque 65 millions de dinars. Une enveloppe qui devrait selon le ministère de tutelle contribuer à la reprise de l'activité touristique. Dans le même contexte, le ministère de tourisme vient d'organiser hier une rencontre avec des tours opérateurs en présence de journalistes, de diplomates et de personnalités nationales et étrangères. Ce séminaire porte sur "la relance du tourisme tunisien". Et même avec l'organisation de cette rencontre, les professionnels du secteur doutent encore de la capacité du tourisme tunisien à sauver la saison pour, au moins, s'intéresser à régler ses difficultés structurelles. Discours d'intention Les discours annoncés à l'occasion de cette rencontre ne formulent que des intentions gouvernementales. Hamadi Jebali, Premier ministre n'a rien annoncé de concret, même s'il s'est montré catégorique concernant l'utilité de réformer le secteur et améliorer la qualité des services touristiques. Pour lui, la situation sécuritaire du pays permet de recevoir les flux touristiques. « Aucun incident de sécurité n'a été enregistré dans les zones touristiques » estime-t-il tout en précisant que l'équipe gouvernementale voudrait donner à ce secteur stratégique un nouveau souffle. La création de nouveaux produits, l'amélioration de la qualité des services ainsi que la formation touristique représentent les nouvelles priorités pour relancer le secteur. Pour sa part, Elyes Fakhfakh, ministre de tourisme rebondit dans le même sens. Pour lui, le temps est encore là pour sauver la saison 2012. Les nouvelles technologies et l'internet pourraient également contribuer à mieux diffuser les offres promotionnelles ainsi que les campagnes de promotion de la destination tunisienne, vu que 50% environ des touristes procèdent à une réservation en ligne. Les partenariats avec les pays touristiques ainsi que le benchmark des expériences réussies devraient également contribuer à l'essor du secteur. Le même constat a été observé lors de l'intervention du premier responsable de l'organisation mondiale de tourisme. « La Tunisie est un grand pays touristique. Il vit actuellement une crise à court terme », affirme-t-il. Et d'ajouter « la Tunisie dispose d'une infrastructure touristique moderne, une formation bien appréciée et un savoir faire autant d'atouts lui permettant de sortir le plus vite possible de cette crise conjoncturelle ». Les professionnels du secteur pensent autrement. Avec la multiplication des discours, ils attendent encore des décisions concrètes pour traiter les maux du tourisme. Le ministère de tutelle semble encore attentif bien qu'il a affirmé à plusieurs reprises son ambition et surtout sa détermination à sauver la saison touristique actuelle. L'endettement, la qualité des produits, la nature de l'offre ainsi que le bradage des prix et la dépendance totale aux tours opérateurs demeurent un casse tête auquel il faut remédier. Serons-nous capables de relever ce défi ? Zied DABBAR
Chute libre ! Le secteur a connu une chute de 33,2% des revenus du tourisme en 2011 entre le 1er janvier et le 20 décembre 2011. Par rapport à l'année 2010, le pays a enregistré une baisse de 30,7% des entrées, soit 4781 896 touristes. Le taux d'occupation est passé de 50% en 2010 à 31,8% en 2011, pour une capacité d'hébergement mise en exploitation de 183 023 lits en 2011 contre 192 048 lits en 2010 soit une baisse de 5%. Par conséquent, les recettes du secteur du tourisme représentent 7% du PIB du pays. Elles ont atteint de 2.27 milliards de dinars (1 dinar =0, 51 euro) contre 3.41 milliards durant la même période de 2010. Les recettes ont baissé de 42 % sous forme de transferts bancaires, de -24,2 % sous forme de chèques de voyage et de -28,8 en billets de banque. La baisse a été enregistrée sur les principaux marchés émetteurs de touristes vers la Tunisie : France (-42%), Allemagne (-43%), Espagne (-80%).
Diversifier l'offre Le secteur touristique fait 30 % de son chiffre d'affaires durant la période estivale, en juillet et août. 70 % sont réalisés au cours de la période s'étalant d'avril à octobre. Par ailleurs, 80% de notre tourisme est basé sur le balnéaire. Les autres produits ne génèrent que le 20% malgré le grand potentiel que recèle le pays. On parle du tourisme de congrès, de bien-être et le tourisme alternatif.