* Cette année, particulièrement, la capitale des Aghlabites est plus belle que jamais. Dans les grandes occasions, la ville de Kairouan sait comment se faire plus belle : tous ceux qui s'y rendent ces jours-ci constatent d'emblée que cette ville a changé... Tout y est beau avec des esplanades aménagées et verdoyantes des avenues larges, bordées d'arbres... qu'une foule nombreuse commence à courir de partout pour découvrir et redécouvrir ce que la capitale Aghlabite est capable de faire pour fêter le mouled comme il se doit. D'où qu'on vienne, de Tunis, de Sousse, de Sfax, de Kasserine ou de Siliana, on est ébloui par les couleurs du drapeau national se mêlant à celles des banderoles et des guirlandes pour donner à Kairouan un air de fête qu'elle n'a pas connu depuis des années.
Une médina chargée d'histoire En franchissant la porte de Tunis (Bab Tounès) ou celle des martyrs (Bab Jalladine) le visiteur succombe au charme de la plus ancienne médina de tout le Maghreb... une médina chargée d'histoire avec ses ruelles étroites bordées de vieilles maisons ravalées et de minuscules ateliers et boutiques où tisserands, maroquiniers selliers... continuent à confectionner de leurs mains expertes souliers, babouches, selles, gants de toilette, couvertures en laine, burnous et djebbas... commandés par une clientèle restée fidèle. Toutes les ruelles dans cette médina légendaire mènent à la grande Mosquée Okba. C'est dans cet édifice prestigieux que sera célébrée demain (Dimanche) la cérémonie officielle du Mouled avec la participation pour la première fois de quatre troupes de chant soufi venues dans le cadre de la première édition du festival international du chant soufi, du Maroc, d'Egypte, de Turquie et d'Iran. Cette fête religieuse se poursuivra le lendemain (lundi) au mausolée Abou Zamaâ-Al-Balaoui. On y vient pour formuler les vœux, déguster l'assida au zgougou ou celle à base de farine par une famille kairouanaise offertes pour les enfants, notamment ceux issus des familles démunies, sacrifier des moutons (Zarda) et écouter les chants liturgiques, interprétés par les troupes de Soulamia.
L'Assida au zgougou comme partout dans le pays Pour fêter le Mouled, les Kairouanais comme partout dans le pays préparent l'assida au zgougou. "Pour respecter la tradition, faire plaisir aux enfants et faire comme les voisins", disait Rim, une femme au foyer contrairement à El Hajja Fatma "J'évite les achats inutiles et je me contente d'une assida à base de farine... c'est plus nutritive" rétorque-t-elle. Dans de pareilles occasions, beaucoup de familles aiment rendre visite à d'autres familles. C'est l'occasion pour le fiancé de remettre le moussem (le cadeau) à savoir un bracelet en or, un service en porcelaine ou en cuivre... à sa future moitié pour compléter le Jhaz. A cette occasion le marché de cuivre de la ville (Enhaissia) connaît une grande affluence, car le service en cuivre composé essentiellement d'une couscoussière, de quelques marmites, de divers plats et des objets pour le hammam, continue à figurer dans le jhaz des demoiselles kairounnaises... et ce au gré... de l'inox.
Une rue pas comme toutes les autres Celle d'Avou Zamaâ Al-Balaoui qui s'apprête à accueillir une foule considérable de commerçants qui viendront de tous les coins du pays pour vendre : poteries, porcelaines, couffins, épices, électro-ménagers, vêtements... du bric à brac qui sera exposé à même le sol. D'autre part, le marché de gros à Dar Al Aman accueillera la foire commerciale qui ouvrira à l'occasion ses portes au public. Barrouta ou le puits barrouta, l'un des plus anciens puits de Kairouan édifié en 180H/796 J.C par le gouverneur Abasside Harthema Ibn Al Aioun sera à l'occasion, l'un des endroits les plus visités. La légende affirme que celui qui boit de l'eau de ce puits est assuré de revenir encore une fois à Kairouan. La même légende que la « Fontana di Trevi ». Les bassins des Aghlabites, des réalisations hydrauliques considérées comme étant les plus importantes du moyen âge attirent également et les habitants de la ville et les visiteurs. Le Musée de Raccada à 10 km de la ville mérite un détour , car il abrite une importante collection de céramique de monnaies anciennes retraçant l'histoire économique de l'Ifriqya pendant six siècles... et des beaux feuillets de Coran sur parchemins ce musée abrite également la grande exposition El quantara... Les propriétaires des magasins de Makroudh se frottent les mains, comme toujours avec une caisse qui s'emplit de jour en jour... notamment après l'augmentation depuis quelques mois du prix du kg de ce gâteau vendu actuellement à 2D,200. "L'huile vendue en bouteilles, la légère augmentation du prix de la farine, explique cette augmentation", disait l'un d'eux... Mais 500 millimes d'un seul coup, c'est incroyable, disait un visiteur d'originaire d'une ville du sud du pays, agglutiné comme beaucoup d'autres devant l'étalage d'une pâtisserie dans l'espoir de recueillir quelques paquets de ce délicieux gâteau à offrir, pour la famille et pour les amis. Il n'y a pas que le makroudh et le service en cuivre qui attirèrent les visiteurs, les grands magasins de tapis de la ville attireront également les regards de ceux désirant s'approprier d'un margoum où d'une alloucha tapis typiquement kairouannais. Comme chaque année, une conférence islamique annonce le début des festivités du Mouled. Celle-ci a eu lieu mercredi dernier avec la participation d'imminents savants et théologiens de Tunisie et de l'étranger pour débattre du thème "le rôle de Kairouan dans l'enracinement du rite Malekite et sa propagation dans les pays du Maghreb. Notons que des activités d'orientations religieuses seront organisées dans les mosquées de la ville et dans celles des délégations pour tirer les enseignements de la « Sira du prophète », seront également organisés des concours pour la mémorisation et la récitation du saint Coran.