Le ministère de l'Intérieur prend tout son temps Problème épineux, le dossier des jeunes tunisiens disparus à Lampedusa depuis presqu'un an -après avoir émigré clandestinement- est loin d'être résolu dans les quelques jours à venir. En fait, les six familles qui se sont rendues en Italie à la recherche des traces de leurs proches et qui devaient renter en Tunisie sont déterminées à ne pas quitter le territoire italien avant que les empreintes digitales des disparus ne soient transférées aux autorités italiennes. « Nous avons été renvoyés de l'hôtel, sauf que nous sommes décidés à camper devant le consulat le temps que les autorités tunisiennes envoient les empreintes », déclare Imed Soltani, un des parents qui se retrouvent à Palerme. Cette procédure exigée par eux n'est pas près de se concrétiser dans les plus proches délais, d'autant plus que le ministère de l'Intérieur sollicité par son homologue des Affaires étrangères à fournir les empreintes digitales d'une soixantaine de jeunes, n'a pas fait écho depuis déjà le mois de janvier. Par ailleurs, c'est le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger qui se penchera dorénavant sur le sujet. La commission interministérielle créée pour gérer cette question s'est réunie hier après-midi afin d'étudier le dossier. Des initiatives prises par les différents acteurs qui restent malheureusement sans résultats concrets, du moins dans les plus proches délais. Mais jusqu'à quand ? A cet effet, Hatem Essaiem, Ambassadeur et Directeur Général des Affaires Consulaires au sein du ministère des Affaires Etrangères précise que « la recherche qui se faisait discrètement depuis des mois à travers la direction générale des affaires consulaires et nos cinq consulats en Italie, a été réalisée sur la base des listes de noms ». « Parmi les 28 mille émigrés, nous n'avons pas de nouvelles sur 238 disparus », rappelle le Directeur Général. « Mais comment les retrouver ? C'est le vrai problème qui se pose là », enchaîne le responsable tout en précisant que la première chose que le ministère a faite « c'était d'envoyer la Recherche dans l'Intérêt des Familles (RIF)». Et d'expliquer : « nous envoyons les informations personnelles sur les déclarés (nom, prénom, date de naissance…). Cela peut aboutir à des résultats et parfois non, car, les émigrés déclarent parfois une fausse identité… ». « Mais au fil de nos recherches nous sommes arrivés, les autorités italiennes et nous, à la même conclusion. La seule source fiable pour pouvoir identifier ces jeunes, c'est de présenter leurs empreintes digitales », tenait à dire le Directeur Général des Affaires Consulaires. Empêchement Cependant, « il y avait un empêchement juridique », rétorque-t-il. « Normalement, il faut qu'il y ait une autorisation d'un juge pour pouvoir récupérer ces données personnelles, plus précisément une ordonnance sur requête », explique M. Essaiem tout en précisant que « vu l'urgence de l'affaire et la pression qui a lieu, nous avons été contactés par le ministère des Droits de l'Homme et de la Transition Démocratique ». Ses responsables ont demandé des solutions à cette question, et « nous leur avons proposé de demander aux familles de présenter, chacun à titre individuel, une demande écrite pour avoir les empreintes digitales de leurs proches. Presque une soixantaine de demandes, ont été dès lors présentées et nous les avons fait parvenir au ministère de l'Intérieur », signale le Directeur Général des Affaires Consulaires. « Nous attendons ainsi sa réponse. Le plus urgent pour nous c'est d'avoir les empreintes et de les envoyer à Rome », toujours d'après M. Essaiem. Par ailleurs, le responsable précise que la commission créée au sein du secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger s'est réunie, hier après-midi, pour examiner le dossier. Le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger reste le chef de file actuellement. Mais qu'en est-il des familles qui actuellement, en Italie à la recherche de leurs proches et qui sont déterminées à ne pas rentrer en Tunisie avant que les empreintes digitales ne soient transférées aux autorités italiennes ? Pour répondre à cette question, le Directeur Général fait remarquer : « la surenchère des organisations et des organismes ne nous intéresse pas ». Il fait remarquer que « cette visite a été décidée par le ministre des Affaires Etrangères et le Secrétaire d'Etat chargé des Affaires Européennes et qu'aucun ministère n'a organisé auparavant une recherche de la sorte ». « Quatre personnes parmi les six qui sont parties en Italie ont été prises en charge par eux », rappelle M. Essaiem tout en signalant que chaque département a ses prérogatives.