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«L'empreinte» de la bureaucratie brouille les pistes - Notre ministère des Affaires Etrangères pratiquement insensible à leurs malheurs! Les familles des jeunes disparus à Lampedusa errent désespérément en Italie à la recherche des leurs
• Abderrahamane Hédhili, président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux : « Le secrétaire d'Etat chargé des Affaires Européennes a fait preuve d'une incompétence outrancière. Il est appelé à démissionner ». • Imed Soltani, menace de ne pas rentrer avant que le gouvernement ne fournisse les empreintes aux autorités italiennes. « Je m'appelle Noureddine, je viens de Tunisie. Je fais partie d'une « délégation » composée de six personnes…Nous sommes venus le 28 janvier et nous cherchons des informations sur des gens qui sont venus le 29 mars… ils sont jeunes…on aimerait bien les trouver… », il s'agit là de l'appel lancé par Noureddine sur youtube, un des parents des émigrés clandestins disparus depuis presqu'un an après avoir quitté le pays, Noureddine s'est rendu en Italie le weekend dernier avec cinq autres proches des jeunes émigrés introuvables. Ils devaient en fait, faire partie d'une commission d'enquête composée d'un expert en immigration et d'un juriste. L'idée de création de cette commission a été proposée par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux ainsi que la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) et devait être soutenue par le ministère des Affaires Etrangères, mais rien de cela n'a été réalisé. Livrés à eux-mêmes, sans accompagnement ni l'assistance de spécialistes en la matière ni de juristes, les proches des disparus font du porte à porte aux centres d'identification et d'expulsion à Palerme. Ils ont pu « se rendre dans trois centres », déclare Imed Soltani, l'un des parents. « Nous avons d'ailleurs, réussi à récolter des informations sur quelques disparus de la part des jeunes arrêtés ainsi que d'un employeur dans le centre de Catania 7 », annonce Imed. « Chokri, nous l'a bien confirmé. Il a reconnu deux disparus à savoir ; Abdelamajid Ben Abdoù elkarim H'ssan et Oualid Derbali. Il nous a précisé qu'ils ont été accueillis dans ce centre pour qu'ils soient transférés par la suite », mais « on ne sait pas où exactement » ajoute Imed tout en signalant qu'ils ont tenté de se rendre dans quelques prisons mais vainement. Les portes leur ont été fermées au nez. « Les Italiens refusent de nous accueillir tout en exigeant un vis-à-vis officiel lequel doit présenter les empreintes des disparus pour pouvoir vérifier leurs identités », précise encore Imed. Négligence Tant attendue par les familles des disparus, cette commission n'a pu voir le jour sur des bases solides à cause de la négligence du ministère des Affaires Etrangères lequel s'est limité à des promesses, « non tenues ». D'ailleurs, les familles se sont retrouvé obligées de payer les frais de leurs visas et des billets d'avion à l'exception de deux seulement. « Nous avons milité pour attirer l'attention du ministère sur l'importance de lancer cette commission correctement, mais aucune réaction positive ne s'est manifestée », critique M. Abderrahamane Hédhili, président du Forum Tunisien Pour les Droits Economiques et Sociaux. Il tenait à préciser que « le Forum a adressé depuis le 1er décembre 2011 des demandes de rencontre avec les premiers responsables du gouvernement provisoire : à savoir le président provisoire de la République, le Chef du gouvernement provisoire, le président de la Constituante ainsi que le ministre des Affaires Etrangères et ce pour bien examiner le dossier des émigrés et des disparus ». Mais, « à bon entendeur bonjour. Ils nous ont tous envoyés sur les roses et en voilà les conséquences », toujours d'après le président du Forum. Pis encore. M. Hedhili « considère que le secrétaire d'Etat chargé des Affaires Européennes a fait preuve d'une incompétence outrancière ». « Il est d'ailleurs appelé à démissionner car, il n'arrive pas à gérer ce dossier sérieusement. Je n'ai jamais vu un responsable d'une telle incompétence », considère le président du Forum tout en ajoutant que « le ministère teint un double langage. On se met d'accord sur des principes, puis les responsables se désistent. Ce n'est pas sérieux ». Insatisfait de la manière avec laquelle le ministère des Affaires Etrangères gère le dossier des disparus, le Forum a adressé le 27 janvier, la veille du départ des familles en Italie, un télégramme dans lequel il demande une rencontre urgente avec le ministre de tutelle. Mais « c'est toujours sans réponse », fait remarquer M. Hédhili. « Nous sommes déterminés à aller de l'avant dans notre bataille de recherche des disparus. Le ministre est appelé à assumer ses responsabilités, sinon il doit s'attendre aux réactions des familles », avise le président du Forum. Il annonce « qu'un grand rassemblement des familles aura lieu devant le ministère si son responsable ne se montre pas positif d'ici vendredi ». « Il n'aurait dès lors qu'à assumer ses responsabilités », renchérit M. Hédhili. En fait, les membres des familles sont déterminés à ne pas renter en Tunisie avant que le gouvernement n'envoie les empreintes demandées, alors que le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger compte demander aux autorités italiennes de consulter les fichiers des empreintes de nos jeunes émigrés ayant débarqué sur son territoire. Souveraineté de l'Etat oblige. Entre temps, les familles continuent à recevoir des promesses, que des promesses…Jusqu'à quand ? Sana FARHAT
La position du ministère des Affaires étrangères Les mêmes pratiques que celles adoptées par l'ancien régime Nous avons essayé de contacter le ministère des Affaires Etrangères pour avoir des éclaircissements sur le dossier, mais aucune réponse ne nous a été fournie. « Les responsables étaient en réunion », « d'autres en mission » pour refuser carrément de nous répondre, dont le Directeur des Affaires Consulaires. S.F
Les familles des disparus rencontrent Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Transition Démocratique Rien que des promesses • Les familles ne comptent pas rentrer Les familles des disparus se sont présentées hier matin, devant le ministère des Droits de l'Homme et de la Transition Démocratique revendiquant une rencontre avec Samir Dilou qui a reçu un groupe des familles. Il leur a promis de contacter le ministère de l'Intérieur et des Affaires étrangères pour faciliter les procédures de transfert des empreintes des disparus aux autorités italiennes. Des promesses certes rassurantes pour les parents, pourvu, qu'elles doivent être concrétisées rapidement, car les familles qui se trouvent en Italie ne comptent pas rentrer en Tunisie sans avoir une réponse précise sur les leurs. « Je ne compte pas rentrer les main vides. Il faut que le gouvernement envoie à son homologue italien les empreintes demandées, sinon je resterai en Italie », déclare Imed. Le gouvernement provisoire tiendra-t-il ses promesses, prendra-t-il le dossier des disparus au sérieux pour calmer les esprits des familles qui ne savent pas où donner de la tête. S.F
Oumaya Esseddik, chargé de mission dans le secrétariat d'Etat auprès du ministère des Affaires sociales chargée de l'immigration et des Tunisiens à l'Etranger « Pour l'instant, aucune personne déclarée parmi les disparus n'a été identifiée dans les centres d'identification et d'expulsion » Oumaya Esseddik, chargé de mission au secrétariat d'Etat auprès du ministère des Affaires sociales chargée de l'immigration et des Tunisiens à l'Etranger déclare que « le secrétariat se penche sur le dossier des disparus ». Il annonce qu'une campagne de recherche est menée aujourd'hui en Italie par le réseau des représentants de l'Office des Tunisiens à l'Etranger. La liste des disparus a été publiée dans un petit livre pour qu'il soit utilisé par ce réseau lequel mène des investigations dans les 13 centres d'identification et d'expulsion. « Mais pour l'instant, aucune personne déclarée parmi les disparus n'a été identifiée dans ces 13 centres », déclare Oumaya Esseddik. Par ailleurs, le chargé de mission ajoute que des contacts directs sont effectués avec les émigrés tunisiens en situation irrégulière. « Nous allons projeter la liste des disparus sur un écran géant lors des matches de l'équipe nationale à l'occasion de la CAN afin de multiplier les chances d'identifier les disparus », explique M. Esseddik. Le travail du secrétariat d'Etat ne se limite pas à ce niveau. « Des contacts sont en train de s'effectuer avec les autorités italiennes ». Objectif ; « avoir la possibilité de consulter les fichiers des empreintes des Tunisiens arrêtés dans les différents espaces de détention », annonce Oumaya Esseddik. Une demande qui risque d'être refusée par les autorités italiennes car il s'agit, là, de la souveraineté de l'Etat italien ce qui compliquera encore plus la situation. D'où la difficulté de résoudre le dossier dans les plus proches délais.