Depuis décembre 2011 et durant toute l'année 2012, le monde africain, les pays francophones ex-colonisés, en France, en Algérie comme en Martinique, un hommage est rendu à Frantz Fanon, à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Ecrivain et penseur engagé, héraut de l'anticolonialisme, Frantz Fanon disparut il y a cinquante ans. Conférences, colloques, spectacles de musique et de théâtre, expositions et lecture de textes ponctueront les différentes manifestations organisées en hommage à Frantz Fanon, ce fervent militant de la décolonisation. En France, la chaîne « France Culture » a consacré récemment une émission sur l'homme, son engagement et son œuvre. Une cérémonie de commémoration a eu également lieu ces derniers jours en Algérie, pays où Frantz Fanon a passé de longues années et où il s'est éteint le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans. Il repose depuis à Aïn Kerma en Algérie. L'auteur de « Peau noire, masques blancs »(1952), « L'an V de la Révolution algérienne » (1969) et « Les Damnés de la Terre » (1961) est digne de cet hommage rendu dans plusieurs pays africains et dans son pays natal, la Martinique. La mémoire de l'auteur, de l'homme politique et de son engagement aux côtés des peuples opprimés sera évoquée au cours de ces rencontres organisées un peu partout ainsi que la portée de son action et de sa réflexion anti-colonialiste. La mémoire collective garde toujours le souvenir de ce grand fondateur de la pensée tiers-mondiste qui laisse une œuvre d'une étonnante actualité. Sa pensée et sa vision du colonialisme et de l'impérialisme trouvent encore leur écho aujourd'hui. Il suffit de voir la situation économique et sociale des pays pauvres et l'hégémonie des pays développés pour s'assurer de la justesse des idées de ce grand visionnaire qui s'est toujours battu contre l'injustice et la colonisation des pays africains par les Occidentaux. Frantz Fanon est né à Fort-de-France le 25 juillet 1925 à la Martinique. Médecin psychiatre, écrivain, combattant anti-colonialiste, il a marqué le XXe siècle par sa pensée et son action, en dépit d'une vie brève frappée par la maladie. Il fit ses études supérieures à la faculté de médecine de Lyon et fut nommé, en 1953, Médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida (Algérie). Il avait déjà publié, en 1952, "Peaux noires, masques blancs". En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale en Algérie, Franz Fanon choisit son camp, celui des colonisés et des peuples opprimés. Il remet sa démission de son poste à l'hôpital et rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie. Il assuma d'importantes responsabilités au sein du FLN. Membre de la rédaction de son organe central, « El Moudjahid », il fut chargé de mission auprès de plusieurs Etats d'Afrique noire puis ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) au Ghana. Il échappa à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Jusqu'à sa mort, Franz Fanon s'est donné sans limites à la cause des peuples opprimés. Toute la vie de Frantz Fanon s'est articulée autour de la question coloniale. L'œuvre de ce médecin psychiatre a en effet marqué des générations de révolutionnaires anticolonialistes comme il a nourri par la suite les théories postcoloniales réclamant une récriture de l'Histoire non ethnocentrique. Que celui qui n'a pas encore lu « Peau noire, masques blancs » et « Les Damnés de la Terre » s'y mette immédiatement : ce sont deux ouvrages de référence pour toute personne se déclarant antiraciste et anticolonialiste ! On déplore, cependant, que cet événement passe inaperçu en Tunisie et que les clubs culturels n'aient pas prévu des manifestations destinées à la commémoration du 50è anniversaire de Frantz Fanon, l'homme qui eut pourtant l'occasion de visiter notre pays et de militer côte à côte avec des combattants tunisiens au temps de la lutte anti-colonialiste !