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La tête d'un autre
La chronique de Youssef SEDDIK
Publié dans Le Temps le 07 - 01 - 2012

Un romancier d'après la révolution française de 1789, s'inspirant des travaux de Pinel, le célèbre psychiatre, a imaginé une suite hallucinante, inattendue de l'époque dite de la Terreur révolutionnaire, sous la sévère autorité de Robespierre, la guillotine, la Lanterne comme l'appelaient familièrement « les révolutionnaires d'alors », ne chômait pas un instant. On tranchait des têtes comme on étêtait les écrevisses.
Toute catégorie de citoyen et de citoyenne y passait, de l'idiot du quartier qui a eu le malheur de dire un mot de travers jusqu'à l'intellectuel chevronné ou de génie. Notre romancier mineur a imaginé un médecin qui a trouvé le moyen chirurgical et neurologique de replacer une tête tranchée injustement et de ressusciter le supplicié réhabilité par une justice tardive et repentante. Sauf qu'un jour, devant un panier de têtes à recoller sur leurs carcasses respectives, il a perdu lui-même la tête, s'est embrouillé dans ses bistouris, ses scalpels et ses sutures et il a destiné un tout autre chef à un corps qui lui est étranger. Le mort a retrouvé une vie, des mouvements, des rêves et des pensées, bien sûr, dont il ne reconnaît ni les ordres ni les réflexes ni les signaux.
Tout le roman est un récit des tourments, des angoisses mais aussi des gags qui affectent un corps vivant commandé par un centre nerveux, une mémoire, un système réflexe qui n'ont jamais été les siens…
Il en va ainsi d'un grand nombre de doctrinaires, de « penseurs », d'idéologues et de prétendus guides des nations, que les discours d'une culture dominante ont façonnésde manière à n'avoir jamais la tête de leur corps. Franz Fanon, le grand psychiatre et philosophe africain qui a pratiqué au sein des asiles de l'Algérie et de la Tunisie en a approché le mystère dans son célèbre ouvrage Peau noire, masque blanc. Ce médecin, célèbre auteur des Damnés de la terre, s'est arrêté au seul phénomène du mimétisme, de l'imitation du dominateur politique et culturel. Il faut aller plus loin et ausculter en nous le mal qui nous fait croire que la modernité certes indéniable des Montesquieu et des Voltaire, des Hugo et des Zola, pourrait nourrir et dynamiser notre marche à nous, arabes et gens du tiers monde vers des jours meilleurs. Nous croyons fermement à cette idée de modernité dynamique, fécondant toujours le génie des peuples mais celle-ci, non seulement ne se confond pas à l'innovation et un phénomène de mode, serait-elle durable, mais se doit de restituer des modernités étouffées ou brisées, mises en sursis ou enterrées vives par la culture dominante, ramenées sur nos terres et dans nos têtes par l'arsenal militaire du conquérant ou du colonisateur. Nul ne peut nier que la roue inventée il y a plusieurs milliers d'années en Mésopotamie a été une modernité dont toutes les modernités actuelles se nourrissent encore, des premiers chars de guerre ou de transport jusqu'à Discovery et la mini-auto sur Mars conçue par notre Awsat Ayari en passant par l'automobile et la turbine !...
Il s'agit pour les pays qui veulent devenir émergents, non pas seulement dans le domaine des finances et de l'économie, de se remettre à un labeur infatigable, un labour fécondateur, pour retrouver les points de modernités dont eux-mêmes ont un jour accouché pour les dépoussiérer, les réactualiser et en faire la véritable dynamo de leur avancée afin de combler des retards, contourner des déficiences et aller de l'avant.
Sinon, nous serons comme ce malade de Pinel, de pauvres mécaniques dirigées par une tête qui n'est pas la nôtre, quand la nôtre, la vraie, s'est perdue à travers tous les exils.
Balti mohamed Hédi


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