Après avoir quitté l'endroit du rassemblement vers 13h30 et arpenté la grande Avenue Habib Bourguiba, les manifestants se sont arrêtés devant le ministère de l'Intérieur. A 16h15, les forces de l'ordre ont tenté de disperser la foule et mettre fin à la manifestation. Refusant d'abdiquer, les citoyens s'entêtaient à demeurer devant ledit ministère. L'affrontement était imminent et fatidique. Les forces de l'ordre, s'armaient de matraques et les manifestants de pierres. A l'épicentre de cette «bataille», les journalistes qui étaient sur place pour couvrir l'événement, ont été directement ciblés par les policiers, qui, en dépit de la présentation de leurs cartes de presse et le port de leur gilet Presse, n'ont pas hésité à les agresser et les offenser.
Témoignage d'un journaliste de la chaîne Al Hiwar Tounsi et membre du syndicat des journalistes tunisiens, Aymen Rezgui : «A 16h15, alors que tout allait bien, les policiers ont commencé à persuader les manifestants de se disperser. Ces derniers ont refusé de partir. La situation a tourné au vinaigre. Des affrontements entre forces de l'ordre et citoyens ont commencé. A coup de matraques et d'insultes, les policiers appliquaient de nouveau la loi de la violence pour disperser un rassemblement. Nous, journalistes, étions au milieu de la foule, portant dans la majorité nos gilets Presse. Nous étions quatre journalistes à avoir été agressés physiquement et verbalement par les forces de l'ordre. On avait beau leur montrer nos cartes de presse, rien n'y fait. Mes confrères Zouhair Zouidi (journal Ettarik El Jadid), Ahlem Aouadi (radio Shems Fm) et Mouna Bouaziz (journal Echourouk) ont été attaqués et insultés par les policiers qui les ont poursuivi jusqu'à l' avenue Jean Jaurès, plus précisément devant le siège du journal Dar El Anouar. Ce qui m'a le plus vexé et choqué, c'est le fait que les forces de l'ordre aient insulté notre syndicat et notre travail journalistique. On nous a carrément dit que c'est leur loi et que l' «on peut toujours courir» ou porter plainte!»