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Les réfugiés s'y font; mais ils souffrent
Reportage: Après le licenciement des employés du camp des réfugiés de Choucha
Publié dans Le Temps le 14 - 03 - 2012

De notre envoyée Sana FARHAT - Il est presque dix heures du matin. A quelques kilomètres du camp des réfugiés de Choucha, à Ben Guerdane, les commerçants exposent soigneusement leurs marchandises (tapis, couvertures, rideaux, électroménagers…). Certains tiennent à la main un balai pour dégager la boue qui risque de salir la marchandise.
Les marées noires d'eaux pluviales mélangées au carburant exposé à bas prix n'ont pas encore été évacuées par le minuscule engin vétuste de la municipalité. « C'est le même scénario qui se répète à chaque fois que les averses tombent. C'est toute la ville de Ben Guerdane qui est noyée, car il n'y a pas de réseau d'évacuation », font remarquer MM. Mustapha Abdelkebir et Houcine Bettaieb, originaires de Ben Guerdane et coordinateurs de l'initiative citoyenne de protection des Objectifs de la Révolution. La voiture qui se dirige vers le camp des réfugiés où, les licenciés observent un sit-in, essaye de trouver son chemin vers Choucha. C'est là-bas que les réfugiés de différentes nationalités et employés licenciés partagent les mêmes soucis : le droit à une vie décente, le droit à un traitement humain et le droit au travail.
Après avoir traversé la ville, la voiture se dirige vers le camp de Choucha, où des centaines de tentes dressées attirent l'attention des passagers. C'est là-bas que des milliers de réfugiés -de différentes nationalités ayant échappé à la guerre en Libye il y a un an- campent toujours. Et, c'est bien là également, que les 121 employés tunisiens licenciés par le Haut Commissariat de Réfugiés (HCR) observent un sit-in. Ils étaient presque une centaine à attendre, avec impatience, l'arrivée de Mustapha Abdelkebir et Houcine Bettaieb en compagnie de Hédhili Abderrahmane, membre du bureau directeur de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) et président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux. Réunis à l'entrée principale du camp, où l'on voit aussi des réfugiés de différents âges, les sit-inneurs se sont précipités vers les visiteurs. Quelques jeunes réfugiés joignent le groupe, d'autres n'accordent pas d'attention aux visiteurs. Ils flânaient au bord de la route. Les plus âgés étaient dans le café aménagé spécialement pour eux. Question de tuer le temps peut-être… ?
«Pas de couverture sociale»
D'emblée, les employés exposent leurs problèmes ainsi que leurs revendications au défenseur des droits de l'homme. Ils ont parlé des conditions de travail, des tâches effectuées ainsi que des risques auxquels ils étaient exposés. « Nous avons travaillé dans des conditions très difficiles sans aucune couverture sociale ni contrôle médical. Nous nous sommes exposés, quotidiennement, au risque de transmission de virus et de maladies dangereuses, (SIDA, tuberculose…). Et voilà que le HCR nous remercie», protestent les employés licenciés depuis déjà 13 jours. Une mesure qui a certes, des répercussions négatives sur les employés, les réfugiés et l'environnement. En fait, un petit tour dans le camp donne une idée sur la situation désastreuse dans laquelle vivent les réfugiés, où tout s'entre mêle. La vie semble être ordinaire dans cet espace. Quelques jeunes s'amusent à jouer au football, d'autres profitent du beau temps pour étaler leurs couvertures et matelas mouillés par les pluies. Les enfants jouent devant les tentes où certains les rafistolent, « alors qu'elles doivent être remplacées par d'autres», fait remarquer un employé. « Il s'agit d'ailleurs, de notre travail », ajoute-il tout en pointant de doigt sur le HCR qui « n'accorde pas beaucoup d'attention ni à eux ni aux réfugiés », critique un autre employé. « Et la preuve, la situation dans le camp où la pollution gagne du terrain », ajoute son collègue. Des déchets en plastique et des déchets organiques entassés à proximité des tentes, des récipients pleins d'eau salie de graisses qui n'ont pas été évacuées, des chiens errants fouillaient les ordures dissimulées sous le sable, des eaux usées évacuées des toilettes et des douches sont versées à ciel ouvert…c'est l'état des lieux dans le camp de Choucha, où 3200 réfugiés y vivent encore. « Le passage du camion d'ordures ne résout pas le problème, car il lui est difficile de se faufiler entre les tentes où, l'on trouve en fait des ordures qui datent depuis des jours », renchérit un autre licencié tout en montrant les ordures à côte des tentes. « Il faut dire que les normes d'hygiène ne sont pas respectées dans cet espace de vie. Nous avons toujours enregistré un manque au niveau des produits détergents pour nettoyer les toilettes », critique Naceur tout en précisant « qu'ils étaient-lui et ses camarades- obligés de les acheter par leur propres moyens ». Il précise par ailleurs, que les réfugiés risquent d'attraper des maladies à cause du déversement des eaux usées dans la nature. « Les fossés qui se trouvent derrière les douches et les toilettes sont supposées être bien couvertes, mais ce n'est plus le cas », attire-t-il l'attention.
Odeurs intenables
Des odeurs nauséabondes et asphyxiantes envahissent l'atmosphère. Des ruisseaux d'eaux usées moisies serpentent derrières les blocs sanitaires. Les revêtements des toilettes et les portes en bois cassés n'ont pas été entretenus depuis des jours. « Nous sommes supposés effectuer toutes ces tâches manuellement », signale Naceur. Il rappelle que les employés accomplissaient d'autres travaux plus difficiles dont, le creusement des fossés d'une profondeur de trois mètres, le curage des bassins où les réfugiés lavent leur vaisselle et le curage des toilettes … « Cependant rien de cela ne se fait pour l'instant», critiquent-ils. « Nous avons exercé des mois durant et c'est pour cette raison que nous tenons à poursuivre notre travail dans le camp. Nous revendiquons également, que nous soyons couverts socialement », appellent-ils. Les employés demandent une reconnaissance de leurs droits, d'autant plus que « le HCR nous a promis depuis le mois de juillet 2011 de nous assurer socialement », rappellent-ils. Ce n'est pas tout. « Nous revendiquons le remboursement des jours fériés et des jours de congé », demandent-ils. « Il s'agit là de la responsabilité du gouvernement provisoire lequel doit négocier avec le HCR », fait remarquer M. Abdelkabir qui considère que « les habitants de Ben Guerdane sont menacés par la pollution ainsi que par plusieurs maladies ». Faute de moyens, les déchets (médicaux, organiques, plastique…) sont déversés en pleine nature à 16 kilomètres du camp, où l'on trouve des pâturages. « Cela représente un grand risque pour le cheptel de la région qui se compte par milliers », critique M. Abdelkabir. Et d'enchaîner : « cet espace naturel s'est transformé malheureusement, en un incinérateur, alors que les chômeurs de la région s'attendaient à avoir des projets et des usines où l'on peut travailler dignement ».
Maladies et infections
«C'est pour cette raison d'ailleurs que ces employés tiennent à ce qu'ils poursuivent leur travail dans le camp », réplique M. Bettaieb. « Ils ont donné de leur temps, de leur santé, de leur argent », considère-t-il. H'mida, Massoud, Ammar, ainsi que d'autres ont eu des accidents de travail, mais ils étaient obligés de se prendre en charge totalement. « Certains ont eu des maladies de la peau, d'autres des infections, ils n'ont pas toutefois été remboursés », critique M.Bettaieb. «C'est leur droit de bénéficier d'une prise en charge», interpelle-t-il le gouvernement provisoire.
En fait, le respect des conditions d'hygiène fait défaut dans le camp. Le HCR ne veille plus à ce facteur primordial. « Cela fait des mois que le HCR ne nous fournit pas des kits d'hygiène, (dentifrice, brosse à dent, savon…) », fait observer un jeune. « Même les enfants sont privés de couches et de lait », ajoute une autre réfugiée. Le HCR passe-t-il par une crise ? Pourquoi nous prive-t-il de denrées alimentaires telles que les viandes rouges ? se demandent plusieurs réfugiés. Ces propos ont été confirmés par les cuisiniers qui attirent l'attention sur la mauvaise gestion des stocks et le non respect des normes d'hygiène. « Ils nous fournissent des produits alimentaires congelés (poulet) une heure avant la préparation des repas », rétorque un jeune cuisinier tout en précisant que cela « représente un grand risque sur la santé des réfugiés ».
Pollution, manque de nourriture et de couvertures, des réfugiés malades, conditions de vie difficile, c'est dans cette ambiance que vivent les réfugiés qui peinent à résoudre leurs demandes d'asile dans des pays européens et/ou américains. La situation humanitaire au camp de Choucha est difficile bien que le Chef du bureau du Haut Commissariat pour les Nations-Unies pour les Réfugiés à Zarzis laisse entendre à l'agence Tap que les conditions sont dans de meilleurs standards que les normes internationales.


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