La Syrie aujourd'hui, c'est une guerre du régime de Bachar el-Assad contre son peuple qui a déjà fait plus de 9 000 morts. Ce sont aussi des artistes qui risquent leur vie pour transmettre la réalité à travers leurs œuvres. Trois documentaires syriens, réalisés en 2011 et jusqu'ici inédits, ont pu passer la frontière pour témoigner de la brutalité du régime, de l'espoir d'un peuple, de la créativité et du courage des documentaristes dans la Syrie de nos jours. Séance spéciale ce vendredi 16 mars dans une salle bondée du cinéma parisien « La Clef ». Regarder un documentaire sachant que le réalisateur est peut-être en train d'être torturé. Selon les organisateurs, deux des trois auteurs des documentaires inédits projetés ce soir se trouvent dans les geôles du régime de Bachar el-Assad. « Les noms de documentaristes et des équipes de tournage seront révélés après la chute du régime » indique le programme. « Ce sont des films qu'on a eu de l'intérieur de la Syrie avec beaucoup de difficulté, explique Hala Alabdalla, cinéaste syrienne qui a présenté les trois documentaires. Faire sortir des images est très dangereux pour le régime. Les films sont encore plus importants que les images, ce sont des œuvres. » Hama 82-11 A l'écran, c'est Hama qui ouvre le flot d'images inédites avec des travellings mouvementés dans les rues, avec la force de la foule qui manifeste, des maisons mitraillées, détruites par l'armée et des gens qui racontent dans la pénombre l'histoire terrifiante de cette ville martyre. Hama a déjà été bombardée et anéantie par le père de Bachar el-Assad. C'était après l'insurrection de 1982. Pour la première fois depuis 30 ans, des témoins osent parler des escadrons de la mort et des scènes apocalyptiques qui se répètent aujourd'hui. Le film commence avec une tempête sur un cimetière sous les palmiers d'Hama. Un hommage aux 40 000 morts d'abord massacrés et après enterrés dans le silence. 3 documentaires et 540 manifestations Tous les trois documentaires le témoignent, la répression par le régime syrien n'a pas changé de nature, mais le silence est en train d'être brisé et, aujourd'hui, des voix et des images existent. Omar, 24 ans, journaliste syrien présent lors de la projection à Paris, connaît bien les manifestations, le soulèvement et la répression dont il est question dans les trois films. Il a été arrêté, emprisonné, torturé et, il y a deux mois, il a dû quitter son pays : « Ces films reflètent toujours ce qui se passe en Syrie aujourd'hui. C'est toujours d'actualité. Ce vendredi 16 mars, on a compté 540 manifestations en Syrie. Le milieu culturel joue un rôle très important. La majorité des intellectuels syriens, des cinéastes, des acteurs, ont pris partie pour la révolution syrienne. Aujourd'hui, soit on est arrêté, soit on s'exile. »