Il va sans dire que la mort égalise les conditions mais si le verdict tombe et que le caractère divin est remplacé par un autre humain la condamnation à mort est vécu comme une injustice. C'est du moins ce que soutient Amnesty international dans son combat de 35 ans pour l'abolition de la peine capitale « considérée comme une atteinte au droit d'un citoyen du monde à la vie et une forme de torture des plus avilissantes qu'on inflige à l'Homme. « commente Sondès Garbouj la présidente d'Amnesty international section Tunisie lors de la conférence de presse tenue autour du rapport mondial 2011 sur la peine capitale. Lotfi Azzouz le directeur du bureau de Tunis de l'organisation a brossé à grands traits le bilan mondial considéré inquiétant puisque et selon ce rapport « le nombre d'exécutions est alarmant dans les pays minoritaires qui appliquent encore ce châtiment. » Même si, dans un autre passage on insiste sur le fait que « le nombre des pays qui recourent à la peine de mort a diminué de plus d'un tiers sur 10 ans et que seuls 10% des pays du globe, soit 20 sur 198, ont procédé à des exécutions en 2011 » Qu'en est-il en Tunisie ? La voie à l'abolition de la peine de mort en Tunisie est ouverte. C'est ce que laissent entendre Sondès Garbouj qui considère que « Le moratoire sur la peine de mort appliqué par la Tunisie depuis 1987 est un fait positif. A cela s'ajoute la volonté du président Marzouki à soutenir nos efforts dans ce sens. Ce sont de bons signes dans notre combat quotidien visant à abolir la peine de mort en Tunisie. » L'intervenante explique, par ailleurs, qu'un moratoire ne signifie pas l'abolition de la peine capitale. « Depuis 1991seulement quatre personnes ont été condamnée à mort en Tunisie » dit-elle en signifiant par là-même que le bilan tunisien est jusque-là satisfaisant puisqu'en 2011 il n'a pas été question de condamnation à la peine capitale et que sur les 132 personnes sujettes à ce jugement 122 ont vu leur condamnation à mort muter en prison à perpétuité. » La question reste à savoir s'il est possible d'abolir la peine de mort et de l'inscrire dans la Constitution alors que l'ANC est majoritairement islamiste. « La Charia est une interprétation du texte coranique et partant de ce fait et si l'on s'en tient au caractère tolérant de ce texte divin on pourra tirer d'autres lois qui stipulent l'abolition de la peine capitale. L'Islam est avant tout tolérance et Amour du prochain. » avance la conférencière qui rappelle que pendant la période électorale Amnesty international a présenté un protocole des droits humains à faire signer par 116 partis et que seulement 32 partis ont signé sans réserves les 10 points que comporte ce dit protocole. Les partis de la Troika ont refusé de le signer refusant ainsi l'intégralité de sa teneur, y compris un article sur l'abolition de la peine de mort. Cela donne à réfléchir surtout que dans des pays où le peine de mort est appliqué le taux de criminalité n'affiche pas de régression. « Bien au contraire » avance Lotfi Azzouz qui invoque le cas d'études faites sur le plan international dans ce sens. « On en guérit pas un malade en le tuant » continue dans la même foulée Sondès Garbouj qui insiste sur le caractère injuste de cette condamnation appliquée de manière immodérée et surtout injustement. « C'est une peine qui s'applique injustement sur les pauvres et les plus démunis notamment dans des pays où prévaut la loi islamique. » dit-elle. Pour revenir au cas tunisien, on apprend que les membres d'Amnesty international s'activent pour le moment à faire valoir les conventions internationales des droits humains sur la volonté des uns et des autres à se tenir à une lecture réductrice du texte coranique. Normal. C'est une question de vie ou de mort.