Douze jeunes artistes, en photographie et en peinture, tous originaire de la région de Sousse, anciens élèves des écoles de Beaux-arts, exposent jusqu'au 28 avril, leurs travaux récents à la galerie Aïn, Salammbô. « Cette exposition, nous a confié Mohamed Ayeb, maître de céans, est l'occasion d'encourager la création chez ces jeunes artistes plasticiens et d'exposer leurs travaux au public ». 24 travaux, représentant des techniques variées, révèlent une pluralité de regards dans les différents thèmes traités, que ce soit en peinture, photographie, tissage ou sculpture. Lassaad Ben Alaya participe avec trois tableaux au format moyen et aux techniques mixtes sur papier, intitulés respectivement « Ouled El Ghoula I », « Ouled El Goula II » et « Ouled El Ghoula III », qui semblent un récit de conte de fées de par les silhouettes des personnages qui paraissent comme des fantômes qui ont au moins deux choses en commun : des yeux énormes et globuleux et des bouches ouvertes faisant voir des dents pointues et qui évoluent dans un cadre où dominent des couleurs sombres : « Ces tableaux, nous expliqua l'artiste, sont inspirés des souvenirs d'enfance, des traditions, quand nos parents nous faisaient peur par leurs histoires d'ogres et d'ogresses, ces créatures épouvantables qui sont restées gravées dans notre mémoire ! De prime abord, on se sent dans un monde imaginaire, fantastique, mais il s'agit bien de la réalité si l'on se réfère aux sujets traités : ici, c'est une cérémonie de circoncision, là, c'est la rentrée des pêcheurs au port… » Slim Gomri est présent avec deux diptyques, « Anima I » et « Anima II » qui révèlent une nouvelle dimension de la technique photographique. Des photos qui reposent uniquement sur le noir et le blanc, accusant un contraste pénétrant. L'artiste était là pour jeter un peu de lumière sur ses ouvrages en nous expliquant sa démarche plastique : « J'ai voulu virer par la photo vers l'abstraction. C'est le passage de la photo classique vers un monde abstrait, sorte d'expression artistique… » Abdelhamid Thabouti présente trois oeuvres, « Métamorphose », « Echange et possession » et « Vertige de la folie » dont le thème principal est le corps féminin . Les formes humaines entrelacées et la palette riche des couleurs tendres évoquent la réalité de l'être humain dans sa plus grande intimité. Les deux tableaux de tapisserie de l'artiste d'origine marocaine Amina Saoudi témoignent d'un admirable savoir-faire de l'artiste qui fait valoir tout l'art de la tapisserie à travers ses deux œuvres. Chargées de toutes les spécificités de l'authenticité et du patrimoine du Maghreb arabe, ces tapisseries allient tradition et modernité, ce qui se distingue dans les lignes et les formes qui donnent du plaisir à voir. « Mon point de départ, nous confia l'artiste, était le « klim » que j'ai voulu moderniser, en lui injectant un souffle nouveau. Le Klim me plait tellement que j'ai voulu le déplacer du sol vers le mur, tel un tableau de peinture ayant une valeur artistique ! » On peut également voir dans cette exposition les œuvres sculpturales de l'artiste Salma Hajji, « Vulve sur le bout des pieds » et « Plaisir coloré », deux travaux de sculpture sur marbre bien ouvragés où l'artiste semble avoir mis toute son âme et tout son tact. D'autres artistes y participaient avec des travaux non moins importants dans le domaine de la peinture ou de la photographie, comme Kheireddine Ben Halima qui avait excellé dans ces productions photographiques intitulées « Clonage »qui consistait en une reproduction d'une femme voilée, d'une manière tout à fait originale. De même, les tableaux abstraits de Moncef Nawar, dont « Les expulsés », sont à admirer ! Anouar Safta s'est distingué avec ses deux admirables diptyques intitulés « Palimpsestes I et II ». Il y avait également Sofiène Noichri avec ses merveilleuses compositions présentées sous forme d'un triptyque. Mouna El Ouaar a sans doute fasciné les visiteurs par ses trois portraits « Bulles I », « Bulles II » et « Bulles III », qui relatent différents états d'âmes. Sans oublier Ahlem Mahjoub qui présenta une série de photographies intitulée « L'homme à la valise », une façon très originale de la narration par la photo. Et enfin Raja Saïd, qui propose avec son diptyque « Composition », une autre approche de l'art photographique.