• Le ministre du Tourisme réagit : «c'est une tentative de saboter le tourisme» Alors que la Tunisie s'apprêtait à renouer avec le pèlerinage annuel juif à la synagogue de la Ghriba sur l'île de Djerba, pour relancer le tourisme et rassurer la communauté juive troublée par des slogans antisémites scandés récemment par une poignée de fondamentalistes religieux, Israël est venu jouer les trouble-fêtes en lançant une mise en garde contre les voyages et le pèlerinage en Tunisie. Le Conseil israélien de sécurité nationale (CNS) a averti jeudi que «des activistes planifiaient des attentats visant des cibles israéliennes ou juives en Tunisie», déconseillant fortement à ses ressortissants de s'y rendre. « En raison d'une révision de l'évaluation de la situation, le Bureau de l'anti-terrorisme a décidé de relever d'un cran l'avertissement concernant les voyages en Tunisie », a indiqué le CNS dans un communiqué. La branche anti-terrorisme du CNS a enfoncé encore plus le clou en soulignant que le danger était particulièrement grand sur l'île touristique de Djerba, où de milliers de Juifs originaires d'Europe et d'Israël se rendent chaque année à la synagogue de la Ghriba à l'occasion de Lag Ba Omer, fête juive qui sera célébrée cette année les 9 et 10 mai. La réussite de ce pèlerinage, suspendu en 2011 après la révolution, constitue habituellement un baromètre annonciateur d'une bonne saison touristique. En réponse à la mise en garde israélienne, le ministère tunisien de l'Intérieur a démenti dans un communiqué des allégations sur des éventuelles opérations terroristes en Tunisie affirmant que la sécurité est établie sur tout le territoire tunisien grâce aux efforts des forces de l'ordre et de l'armée. «Toutes les mesures et les précautions ont été prises pour assurer le bon déroulement des fêtes annuelles de la Ghriba», a également indiqué le ministère. Tentative de sabotage Le ministère tunisien du Tourisme a, quant à lui, pointé du doigt une tentative de sabotage de l'industrie touristique du pays qui commence à peine à remonter la pente. «La révolution tunisienne n'est pas du goût de certaines parties, qui cherchent à la saborder par tous les moyens», a déclaré vendredi le ministre du Tourisme, Elyes Fakhfakh. Et d'ajouter : « les consignes officielles publiées par les ministères des Affaires étrangères des pays émetteurs de touristes vers la Tunisie sont toutes rassurantes et très positives. Nous nous employons, par ailleurs, à corriger les échos négatifs que se font certains médias sur la situation sécuritaire dans notre pays, en invitant les journalistes étrangers à visiter la Tunisie sans leur fixer un circuit bien déterminé afin qu'ils puissent constater de visu du climat de quiétude et de sécurité qui prévaut sur tout le territoire tunisien». Le ministre du Tourisme rappelle aussi que le Président de la République et le Chef du gouvernement se sont déjà engagés à veiller sur le bon déroulement et la réussite du pèlerinage juif de la Ghriba. Le 18 avril dernier, le Premier ministre, Hamadi Jebali, avait souhaité la bienvenue aux fidèles juifs souhaitant se rendre à la Ghriba. «La Tunisie accueillera les pèlerins juifs à Djerba comme à l'accoutumée», a dit M. Jebali promettant de «lutter contre certains comportements», en allusion à celui des certains extrémistes salafistes qui avaient tenu des propos antisémites. Quelques jours auparavant, le président de la République, Moncef Marzouki, avait annoncé que le gouvernement est décidé à protéger toutes les minorités religieuses en Tunisie. « L'Etat civil est déterminé à protéger tous ses citoyens et à les traiter sur un pied d'égalité. Nous réitérons également notre rejet de toute forme de ségrégation à l'égard de nos concitoyens juifs, et de tous propos ou actes pouvant menacer leur dignité ou leur vie», avait-il notamment déclaré. Allégations infondées Selon les experts, les allégations du Conseil israélien de sécurité nationale sont infondées. « Il n'existe aucune menace terroriste réelle ni contre les juifs résidant en Tunisie, ni contre ceux qui envisagent de s'y rendre pour le pèlerinage de la Ghriba. Et pour cause: le salafistes qui sont régulièrement mis à l'index ont déjà annoncé qu'ils respectent les croyances des Juifs et des Chrétiens de Tunisie», affirme Alaya Allani, professeur d'histoire contemporaine à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba spécialiste des mouvements islamiste dans les pays du Maghreb. Auteur de plusieurs ouvrages sur le thème des phénomènes politico-religieux dans le monde arabe, dont «Les Mouvements islamistes dans le monde arabe : les cas de la Tunisie» et «Le courant religieux en Tunisie entre confrontation et participation», M. Allani rappelle que le leader de la mouvance salafiste djihadiste tunisienne Seif Allah Ben Hassine, alias Abou Yadh, avait précisé que ses récents « appels à tuer les juifs visaient les sionistes qui spolient les terres saintes en Palestine et non pas les juifs tunisiens». Le chercheur estime, d'autre part, que la mise en garde israélienne contre les voyages en Tunisie constitue une « réaction épidermique aux déclarations d'une élue du mouvement islamiste Ennahdha à l'Assemblée constituante qui avait rappelé récemment à Israël son histoire d'Etat voyou installé sur des terres arabes spoliées ». Basma Jebali l'élue en question avait mis en garde contre des «achats massifs de terrains par des Juifs à Djerba » qui pourraient, selon elle, « faire de l'île touristique tunisienne une seconde Palestine » M. Allani trouve, par ailleurs, étonnant le fait que l'Etat hébreu choisisse ce moment pour déconseiller à ses ressortissants de se rendre à Djerba alors que la synagogue qu'abrite cette île touristique avait été la cible d'un attentat qui avait fait 21 morts, dont 14 touristes allemands, sous le règne de Ben Ali! Walid KHEFIFI daassi ratata sihem radhia bengy Hésah