Peut-être bien que requinqué par l'accession de la gauche française au pouvoir, Mustapha Ben Jaâfar aurait, vraisemblablement, mûri et réfléchi seul, presqu'à la Mitterrand, l'annonce de l'achèvement de la rédaction de cette problématique Constitution pour le 23 octobre et, par ricochet, la « fin » de la Constituante. Pour autant, Ben Jaâfar aurait pris de court ses propres compères au sein de la Troïka qui cherchent – on le sait – à s'installer dans le provisoire qui dure, battant tous les pavés et jouant sur le moral, très épuisé comme ça, des Tunisiens. Ennahdha aurait eu des grincements de dents car (ne l'oublions pas), le coup de la date des prochaines élections avait été « lâché » par l'inénarrable Lotfi Zitoun ce qui aurait déplu à Cheikh Rached. Un pavé, là aussi, mais qui a eu un effet boomerang. On ne pourrait trop dire que Mustapha Ben Jaâfar, homme de droiture irréprochable et de compromis, n'a pas franchi, dans son exigence viscérale d'élévation morale certaines lignes rouges. Il ne saurait se confondre dans des compromissions ni accepter d'être au crochet du Léviathan nahdhaoui. Ce qui est, par contre, surprenant, c'est la suspicion générale qu'a suscitée cette annonce, pourtant courageuse. L'opposition ne peut plus croire en rien et cela fait qu'elle répète partout que la date avancée par le président de la Constituante n'est toujours qu'une endormeuse destinée à calmer les esprits. De fait, Mustapha Ben Jaâfar donne l'impression d'être un homme seul – pas forcément isolé – même s'il n'est pas évident que le dépit et le scepticisme ne soient pas plutôt cultivés par ses acolytes de la Troïka et son cheval de Troie nahdhaoui.