Les revendications sociales sont légitimes, les Tunisiens souffrent et ils le montrent. Cependant depuis la ‘'Révolution'', les grèves, sit-in, succèdent aux manifestations et autres revendications et les syndicats n'ont de cesse que de les encourager. Ces situations ne permettent pas à l'économie de re-décoller, loin de là, elles la paralysent davantage. Il ne s'agit pas de mettre au banc de la société la liberté d'expression, le droit de grève ou la difficulté qu'ont les Tunisiens à tenir le coup, les temps sont difficiles pour tous. Ainsi, selon les chiffres publiés par l'Institut National des Statistiques (INS), l'indice des prix à la consommation familiale pour mars 2012 en Tunisie a augmenté de 5,5% par rapport à la même période en 2011. Il va sans dire que c'est une augmentation que seule une fraction peut supporter, la réalité économique en Tunisie aujourd'hui c'est 7,6% de hausse sur les produits alimentaires ou encore 4,1% d'augmentation selon l'indice qui regroupe les prix de l'eau, de l'électricité, du gaz et du logement. Cette réalité est douloureuse, les tensions sociales diverses, le pouvoir d'achat en baisse et la misère, quant à elle, gagne du terrain. Néanmoins la multiplication de grèves et de sit-in ne peut plus continuer sans cesse. Le ministre de l'intérieur M.AliArayedhrappelle à ce titre que : « la situation générale a connu plus de 17 000 manifestations entre marches de protestation et sit-in à travers le territoire tunisien depuis le début de l'année 2011 ». La situation économique de la Tunisie en dépend. Les perturbations enregistrées n'auront pour effet que de ralentir le processus de relance économique. Sans parler de croissance économique, l'image du pays est en jeu : cette instabilité sociale et ‘'politique'' n'encouragera pas les investisseurs étrangers,ni tunisiens d'ailleurs, à venir s'établir en Tunisie. Pour n'en citer que quelques unes, on distingue la grève des agents et des conducteurs de la Société Nationale des Chemins de Fers Tunisiens (SNCFT) qui est prévue pour le 24 mai. Mais également la grève générale qui a eu lieu à Kébili le 7 mai 2012 et qui a paralysé toute l'économie de la ville. En effet, les écoles, les administrations mais aussi les commerçants avaient tous fermé boutique. Les revendications des citoyens étaient certes légitimes : le droit au travail, à une vie digne ou encore l'ouverture des dossiers concernant les affaires de corruption. Les citoyens demandent également la création de services administratifs et davantage d'intérêt en ce qui concerne les services publics. Enfin la grève générale de Sahline est elle aussi un symptôme de cette dépendance à la rue. Jawahrafm rapporte que la ville a été paralysée de toute activité suite à l'observation de grève générale par les habitants. Un citoyen a expliqué que cette grève découle d'un « sentiment d'exaspération face un gouvernement qui semble l'avoir oublié ». En réponse à ces revendications, le gouverneur de Monastir, Habib Sethom s'est prononcé en faveur du dialogue : « ces protestataires auraient dû s'adresser au gouvernorat pour discuter des solutions ». Ces situations de grève bloquent les intérêts des habitants, de la ville mais également et surtout de l'ensemble du pays. Une ville comme Sahline est un lieu touristique, l'image renvoyée n'en est que mauvaise, bien que les revendications encore une fois, paraissent légitimes. La presse étrangère et plus particulièrement française reprend régulièrement ces événements et qualifie ces situations en ces termes : « La situation sociale reste préoccupante. Pas un jour ne se passe sans que des manifestations, sit-in et autres grèves ne se déroulent dans toutes les localités » (le soir). En 2011 la Tunisie a perdu 2,5 milliards de dollars, soit « l'équivalent de 100 000 emplois » expliquait Samir Dilou, porte-parole du gouvernement (provisoire). La société civile doit donc de son côté faire preuve de compréhension et de patience. Le gouvernement tunisien doit quant à lui dresser une feuille de route économique efficace afin de rétablir au mieux la situation et pouvoir ainsi répondre favorablement aux demandes légitimes du peuple tunisien. Le gouvernement tunisien fait face à de nombreux défis : gagner la confiance du peuple qui n'arrive pas à se projeter dans l'avenir, répondre aux attentes les plus urgentes, garantir les libertés fondamentales et respecterses engagements quant aux promesses qu'il a faites. La priorité aujourd'hui est à la reprise de l'activité économique et à la réalisation des objectifs de la ‘'Révolution''.