A défaut d'une version officielle et solidement étayée concernant les circonstances ayant entouré la fin du régime du président déchu Zine el Adine Ben Ali, le 14 janvier 2011, en Tunisie, l'opinion publique s'est montré, récemment, assez intéressée par ce qu'en dira sa femme, Leila Ben Ali, dans un livre intitulé “Ma vérité'' qui lui est attribué et dont la sortie est annoncée pour le 24 mai dans les éditions Le Moment, en France. Selon le directeur de cette maison d'édition, il s'agirait plutôt de la version de Ben Ali lui-même, via son épouse, bien que Ben Ali ait donné, déjà, sa version des faits, par la bouche de son avocat libanais, il y a plus de 10 mois, à l'ouverture de son procès par contumace, à Tunis, le lundi 20 juin 2011. Report d'accusations S'il en est réellement ainsi, sans doute avait-il quelques raisons à le faire, car, avant lui, en 1989, lors de son jugement sommaire ayant précédé son exécution, au lendemain du triomphe de la Révolution roumaine, le Chef de l'Etat roumain incriminé, Nicolae Ceausescu, avait empêché sa femme, jugée et exécutée avec lui, de répondre aux questions des juges. La sortie annoncée de ce livre a été précédée , le 9 mai 2012, par l'organisation d'une conférence de presse très médiatisée, à la Goulette, dans la banlieue nord de Tunis, sur le sujet, à l'initiative de l'Union des syndicats des forces de la sûreté tunisienne, et au cours de laquelle un responsable du syndicat de la sécurité du chef de l'Etat et des personnalités officielles ou garde présidentielle, a présenté des informations qualifiées de révélations inédites sur les évènements ayant eu lieu du 7 janvier au 16 janvier 2011, selon une étude réalisée par une équipe de chefs sécuritaires. En fait, ces révélations avaient consisté, tout simplement, à reporter les accusations sur le ministre de la Défense nationale de Ben Ali, pendant la Révolution, à savoir Ridha Grira, qui avait accusé, nommément, il y a, près d'un an, dans des déclarations à la presse, le général Ali Sériati, chef de la garde présidentielle sous Ben Ali, de complot contre le président déchu, avec l'intention délibérée de prendre sa place. D'ailleurs, le 16 janvier 2011, le procureur de la République près du tribunal de première instance de Tunis, avait ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire contre Ali Sériati, pour complot contre la sécurité intérieure de l'Etat, actes d'agression, incitation des citoyens à s'armer les uns contre les autres, et autres accusations similaires graves. Le complot Civil, diplômé de l'école centrale de Paris, de sciences politiques et de l'Ecole nationale d'administration, Ridha Grira avait déclaré que Ali Sériati, désigné le 8 janvier 2011, en qualité de coordinateur entre l'armée et les forces de l'ordre, dans les opérations en cours pour faire face à la révolte populaire rampante, en Tunisie, aurait reproché, le 13 janvier, à l'armée, son refus de s'impliquer davantage dans la répression du soulèvement populaire, en s'abstenant de tirer sur les foules et qu'il aurait suggéré d'infiltrer massivement les manifestants et de recourir à l'argent pour soudoyer les indécis et semer la division. Or, le 12 janvier, ce même Sériati aurait dit que les jours du régime de Ben Ali étaient comptés. Selon Grira, il y avait un plan pour organiser la fuite de Ben Ali et une prise du pouvoir. Reste à savoir par qui. Le principal protagoniste, le président déchu Ben Ali a affirmé, en substance, d'après son avocat libanais, “qu'il avait été contraint à l'exil par la ruse de son entourage.'' Ben Ali a indiqué que face au cours précipité pris par les évènements, en Tunisie, les 13 et 14 janvier 2011, il a été convenu ,par précautions, d'envoyer sa famille restreinte composée de sa femme, de son fils et de sa fille cadette, en Arabie saoudite, en compagnie de Ali Sériati, le temps que la situation se clarifie, car Ali Sériati lui avait fait état d'un complot fomenté contre lui et lui a dit qu'on cherchait à l'assassiner. Mais, il y a eu un renversement des rôles aux dernières minutes. Au lieu de faire le voyage avec la famille présidentielle, comme il avait été convenu, Sériati conseilla à Ben Ali de le faire lui-même. Empêchement de dernière minute Dans ses précisions rapportées par son avocat libanais, Ben Ali a dit en substance : “Mr Sériati a insisté pour que j'accompagne ma famille, à Jeddah, pour quelques heures afin que les services de sécurité puissent déjouer le complot et garantir ma sécurité.'' Sériati avait rapporté à Ben Ali, le 14 janvier, au matin, que le palais présidentiel était encerclé et qu'on voulait l'assassiner. Ben Ali ajoute : “J'ai pris l'avion avec ma famille, mais après notre arrivée à Jeddah, l'avion est rentré à Tunis, sans m'attendre, contrairement à mes ordres claire. Je suis resté à Jeddah contre ma volonté. Plus tard, il a été annoncé que je me suis enfui.'' Ainsi, s'il faut ajouter foi aux déclarations de Ben Ali, toute l'énigme de l'affaire semble tourner autour du retour de l'avion présidentiel vide à Tunis. Qui a donné l'ordre à l'avion de rentrer vide à Tunis, sans ramener Ben Ali ? Voilà la question ! comme disait le poète anglais Shakespeare dans sa pièce “Hamlet''. D'après des révélations sur le contenu du livre “Ma vérité'', les services de renseignements de certains pays occidentaux, alliés à Ben Ali, sont derrière toute l'histoire, ce qui est invraisemblable, car la Révolution tunisienne a surpris tout le monde, tant par son déroulement que par son dénouement, y compris les Tunisiens. Elle ressemble à l'une de ces situations que les scientifiques appellent une singularité lorsqu'ils ne lui trouvent pas une explication plausible, comme le Big Bang ou la grande explosion, des premiers temps de l'Univers.