• Salaires «bas», manque d'équipements et violence grandissante en milieu hospitalier • Le ministère de la Santé publique estime que le relèvement de la rémunération est du ressort du ministère de l'Enseignement supérieur Le syndicat national des médecins, médecins dentistes et pharmaciens hospitalo-universitaires relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a lancé un préavis de grève pour les 30 et 30 mai en signe de protestation contre le blocage des négociations sur la revalorisation de leurs salaires et la mise à niveau des établissements publics de santé. « Le conseil sectoriel de notre syndicat qui s'est réuni le 18 mai sous la présidence du secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la législation et des conflits sociaux, Mouldi Jendoubi, a lancé un mot d'ordre de grève pour les 30 et 31 mai dans tous les hôpitaux et les centres hospitalo-universitaires, à l'exception des servies des soins urgents », précise le syndicat dans un communiqué publié hier. Outre le recours au débrayage, le Bureau exécutif du syndicat a lancé un mot d'ordre d'arrêt des cours dans les facultés de médecine et de pharmacie juste après la fin de la session principale des examens pour l'année universitaire 2011-2012, selon le même communiqué. Le syndicat des médecins et des pharmaciens hospitalo-universitaires réclame notamment des augmentations salariales conséquentes au profit des ses affiliés, lesquels assurent des activités d'encadrement et de formation des étudiants en médecine presque gracieusement. Selon le syndicat, l'activité privée complémentaire (APC) ne saurait être une récompense juste et suffisante aux efforts déployés par les hospitalo-universitaires. Ces derniers revendiquent l'alignement de leurs indemnités d'encadrement et de recherche sur celles des enseignants universitaires exerçant dans les autres établissements de l'enseignement supérieur. « De nombreuses tâches que nous effectuons quotidiennement ne sont pas rémunérées. Il s'agit, entre autres, de l'enseignement académique, de l'enseignement au lit du malade, de l'encadrement d'une thèse, d'un mémoire et projet de fin d'études, de l'enseignement certificats d'études complémentaires et masters ou encore de la correction et la surveillance des examen », s'offusque Habiba Mizouni, secrétaire générale du syndicat. Ecart abyssal entre le public et le privé Les médecins et les pharmaciens hospitalo-universitaires exerçant dans les établissements publics de santé (EPS), dont le nombre dépasse deux mille, estiment que les écarts entre leurs salaires et ceux de leurs confrères exerçant dans le secteur privé ne cessent de se creuser. «Le médecin hospitalo-universitaire exerçant dans le secteur public ne touche qu'autour 2600 dinars par mois dans le meilleur des cas pour ses activités de soins hospitaliers, d'enseignement, de recherche et d'encadrement. Dans le secteur privé, l'hospitalo-universitaire gagne entre 5000 et 15 000 dinars», précise un professeur de médecine exerçant dans le secteur public, notant que ces « inégalités salariales criantes risquent de faire vider les EPS des meilleures compétences médicales». Le syndicat réclame, d'autre part, la mise à niveau du secteur public de la santé. «Nous nous mobilisons aussi pour dire non à la dégradation de la qualité de soins dans nos hôpitaux, au manque de moyens et des équipements, à la mauvaise gestion et à la violence grandissante en milieu hospitalier. Nous luttons pour que l'hôpital public soit la référence en termes de soins et non pas la clinique privée. Il y va de l'avenir de la médecine universitaire et, donc, de la santé des Tunisiens», note Mme Mizouni. Selon elle, les blouses blanches protestent, par ailleurs, contre l'augmentation inquiétante et intolérable des actes de violence verbale et même physique commis à l'encontre du personnel médical et paramédical des établissements publics de santé. Du côté du ministère de la Santé publique, on note que les négociations avec le syndicat national des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires se poursuivent toujours sur les diverses revendications corporatistes, tout en indiquant que le relèvement de la rémunération des activités liées à l'enseignement et à l'encadrement est du ressort du ministère de l'Enseignement supérieur. Le ministère estime également que l'activité privée complémentaire (APC), qui consiste à travailler deux après-midi dans des établissements privés de santé, est en mesure de réduire l'écart salarial existant entre le public et le privé.