* Serait-ce la réponse de la Pieuvre à Hamadi Jebali ? Il est 6h du matin, tout allait bien et rien ne paraissait perturber ce début de journée du jeudi. La ville de Tunis commençait à se réveiller et la vie active reprenait petit à petit. Le souk de Moncef Bey était désert, normalement, et les commerces étaient encore fermés. Quinze minutes plus tard, c'est-à-dire, à peine un quart d'heure après le retour de l'électricité, coup de théâtre. Comme si la foudre l'a frappée, une partie du souk est sous l'emprise des flammes. En l'espace de quelques heures et malgré tous les efforts déployés, la plus grande aile du souk est réduite en cendres. Une superficie de 1500 mètres carré a été sujette à un incendie suspect et gigantesque qui a ravagé plus de 350 points de vente. Le ministère de l'Intérieur précise qu'il s'agissait d'un entrepôt et de boutiques spécialisés dans l'électroménager et l'électronique. Mobilisation des sapeurs pompiers et des forces de l'ordre Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, nous a informés que pour pouvoir faire face à cet incendie, les quatre districts de Tunis, Bizerte, Nabeul et Zaghouan de la protection civile ont été mobilisés. Plus de quinze camions ont lutté dès leur arrivée, des heures durant pour venir à bout des flammes. Les dégâts s'élèveraient à des milliards mais les estimations ne sont pas encore officiellement annoncées. A midi, la situation est totalement maîtrisée. Si les flammes ont bel et bien été circonscrites, la colère des commerçants, dont le gagne-pain est parti en fumée, n'a pas pu être calmée. Notre interlocuteur, porte-parole dudit ministère nous déclare que la situation sécuritaire est encore tendue. La présence policière était notoire sur place. Des voitures tout terrain, cinq fourgonnettes et un minibus de police étaient sur place pour maitriser la situation sécuritaire sur les lieux. Grabuges et agressions Un haut responsable au ministère de l'Intérieur, nous informe qu'une enquête est en cours et que dans pas plus de 48 heures, on saura qui est derrière cet acte criminel. Il ajoute qu'une vague de violence a suivi l'incendie. Il s'est avéré que deux heures après l'embrasement des flammes et l'arrivée de la protection civile, des agents de la sûreté nationale et des forces de l'ordre, une vingtaine de personnes ont agressé à coups de pierres les sapeurs pompiers et l'équipe de sauvetage. Au résultat des courses, deux blessés du côté des agents la sûreté nationale et deux autres du côté des pompiers dont l'un deux a été attaqué des coups de pelle au niveau de la tête. A 8h30, les violences se sont propagées pour atteindre le District de Bab Bhar. Les locaux ont été attaqués par une pluie torrentielle de pierres. Parallèlement, comme signe de protestation, une vingtaine de personnes ont barré l'autoroute menant à Hammamet, au niveau du pont de la République, perturbant, ainsi, le trafic des voitures. A 9h, il était impossible de passer. Un autre groupe de commerçants victimes de l'incendie sont partis voir le Premier ministre à la Place du Gouvernement à la Kasbah. Quant à l'incendie, notre interlocuteur nous déclare que le ministère public a été sur place pour constater les dégâts et a donné l'ordre à l'administration régionale des affaires pénales d'ouvrir une enquête. La police technique est, d'ailleurs, s'est chargée de l'affaire. Dans 48 heures, le mystère de cette apocalypse sera, normalement, toujours selon le ministère de l'Intérieur, délucidé et rendu public. Il est à signaler, par ailleurs, que les compteurs électriques sont en très bon état. La thèse du crime n'est pas à écarter selon certains sapeurs pompiers. Rappelons-nous le premier incendie criminel qui a ravagé la quasi-totalité du souk…. C'est comme si une malédiction mafieuse s'entête à réduire à néant la source de vie des commerçants. Notre souhait est que se soit réellement le cas, car, souvenons-nous bien, l'affaire de l'incendie qui a ravagé le dépôt de la pharmacie centrale demeure toujours mystérieuse et sans réponse.