Le 19 mai dernier dans le pavillon « Tous les cinémas du monde », pavillon créé en marge du festival de Cannes pour réunir et donner la chance aux cinémas minoritaires et marginalisés, les Africains étaient présents à une rencontre considérée de haut niveau pour la mise en œuvre du Fonds Panafricain du Cinéma et de l'Audiovisuel (FPCA). Le siège administratif de ce Fonds sera installé en Tunisie à la satisfaction d'un grand nombre de cinéastes tunisiens qui l'ont tant revendiqué. Plusieurs arguments ont joué en faveur de la Tunisie. D'abord, elle a créé dès 1966, le premier festival panafricain de cinéma, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) dont le premier grand prix a été remporté par le cinéaste sénégalais Sembene Ousmane. Ce dernier avec son complice Tahar Cheriaa, ont été les parrains du FESPACO en 1969 à Ouagadougou (Burkina Faso).
Ces actions étaient au service du même idéal, qui fut ensuite repris par toutes les rencontres africaines sur le cinéma : l'espoir que les images africaines puissent se développer grâce à la coopération et à la solidarité sud-sud. C'est cette même solidarité que défend ce projet du FPCA si longtemps attendu et dont les cinéastes africains ont demandé la mise en place avec le soutien logistique et l'encadrement de l'OIF.
Il est logique que la Tunisie, terre de naissance des JCC et de la FEPACI, membre fondateur de l'OIF, et pays militant depuis toujours pour le dialogue interculturel, une volonté encore renforcée depuis la révolution libératoire du 14 janvier, soutienne cette démarche. Et cela en proposant d'accueillir dans un premier temps le siège administratif du futur FPCA. Même si ce projet apparait utopique en raison des exemples limités de coproductions cinématographiques Sud Sud en Afrique, nombreux comptent sur la solidarité entre les pays nantis économiquement mais aussi sur les donations de tous les contributeurs pour qui comptent non seulement la production de l'image africaine mais aussi et surtout, l'installation des structures nationales qui peuvent rendre cette production viable ; L'OIF, grâce à son secrétaire général Abdou Dhiouf qui s'est impliqué dans ce projet en acceptant d'être son ambassadeur culturel. Pour concrétiser davantage ce projet, l'OIF devrait créer un Conseil d'orientation du fonds, composé de personnalités reconnues, et en posant également les bases juridiques de la Fondation pour le Cinéma Africain, l'organe exécutif prévu par son étude de faisabilité. De notre envoyée spéciale à Cannes : Inès Ben Youssef