• Table ronde édifiante au ministère des Affaires religieuses. Les absents ont eu tort. • Le ministère des Affaires religieuses est sur le point de lancer une stratégie de communication pour repenser la presse religieuse. • Absence des chaînes de télévision nationales privées, et publiques, à la table ronde qui fait participer tous les acteurs de la presse audiovisuelle. Une table ronde s'est tenue hier matin au siège du ministère des Affaires religieuses. Il était question de dresser un état des lieux de la scène médiatique et bien particulièrement de la presse religieuse. Mais avant d'y arriver, il était question de définir les concepts notamment celui de la presse religieuse ainsi que des lignes rouges à ne pas dépasser quand il s'agit de programmer un produit médiatique quelle qu''en soit la portée. Ahmed Bouch'hima, conseiller du ministre des Affaires religieuses a, en ce sens, expliqué qu'on n'a pas, jusque-là, une presse religieuse en bonne et due forme et qu'on a tout simplement des programmes religieux qu'il faut repenser dans le cadre d'une stratégie de communication. Quant aux lignes rouges à ne pas franchir l'universitaire spécialisée dans la chose religieuse a précisé qu'il est une base commune qui unifie les Tunisiens qui n'est autre que notre identité arabo-musulmane même si la liberté d'expression reste une valeur irréversible. « Notre rôle consiste simplement à critiquer et à montrer le droit chemin alors que la définition de la ligne éditoriale fait partie des prérogatives de chaque média. » dit-il.
Une stratégie de communication Noureddine Khadémi , ministre des Affaires religieuses a fait remarquer que repenser la presse religieuse passe obligatoirement par une définition claire d'une vision globale des contenus, laquelle prend en considération notre situation actuelle et la donne révolutionnaire. Le tout dans le cadre d'une stratégie de communication « Nous avons tenu à organiser cette table ronde pour collecter les avis des uns et des autres sur la question. Notre approche est participative. Car repenser la presse religieuse repose non seulement sur le rôle des théologiens mais aussi sur celui des académiciens spécialistes des médias. », commente Khadémi. Cela a donné libre cours aux remarques des journalistes qui ne se sont pas fait prier, en fait, pour placer une critique acerbe par-ci et une remarque mesurée par-là. Ce qui mérite d'être retenu lors de cette table ronde est que la question religieuse ne fait pas l'exception et que l'on doit également l'observer à la lumière de la situation transitionnelle et donc non sécuritaire qui prévaut dans le pays. Les questions qui ont fusé ont porté notamment sur la nécessité de dresser une liste des ‘'oulémas'' corrompus ayant été de mèche avec l'ancienne dictature et que l'on doit bannir de la scène médiatique. D'autres questionnements ont ramené l'assistance à réfléchir sur la nécessité de définir les concepts que l'on entend souvent telle que la signification de la ‘'Charia'' ou la vraie portée du port du ‘'Hijab''. Hatem Naffati un cadre du ministère y a répondu en incitant les journalistes et les producteurs des émissions à revenir aux spécialistes de la religion qui ont été quasiment écartés, selon lui, des débats sur la scène médiatique. Il a, dans la foulée, invoqué la diffusion du film ‘persepolis' en précisant que plusieurs spécialistes entre psychologues, sociologues, avocats, journalistes, etc ont été sollicité pour étudier la question alors que l'aspect religieux a été voilé et les théologiens n'ont pas eu l'occasion d'exprimer leur point de vue.
Examiner la situation actuelle Brosser le tableau de la situation actuelle de la presse religieuse était l'objet d'une intervention donnée par Aly Léfi un cadre au ministère des Affaires religieuses qui a montré que les choses ont tourné au ridicule à une époque révolue. Il a invoqué la publication d'un livre portant comme titre si révélateur « La religion et le 7 novembre ». Il a fait remarquer que des questions sont restées en suspens et qu'on n'a pas la réponse à des actes commis par l'ancienne dictature tel que le limogeage de l'ancien mufti Mohamed Mokhtar Sallami. En passant en revue les différents supports médiatiques Léfi a montré que la presse religieuse était entachée de lacunes même si certains oulémas zeitouniens ont fait ce qu'ils pouvaient pour les combler. « Il y a des faits dans l'Histoire que l'on ne doit pas nier. Je peux vous donner l'exemple d'une citation de Abdellaziz Thaâlbi qui à son époque s'est demandé déjà si l'on pouvait parler de l'héritage. Le code du statut personnel est en grande partie l'œuvre des Zeitouniens, n'oubliez pas ça. Les oulémas de la Zeitouna ont aussi refusé la diffusion dans nos rangs de la pensée wahabite. » dit-il en concluant que les débordements de certaines personnes qui se revendiquent du courant salafiste est le résultat de la politique de Ben Ali « Dans les années 90, Ben Ali a attaqué les islamistes par la suite, il a installé une politique diffamatoire à leur encontre. Et c'est l'image des islamistes qui en pâtit jusqu'à aujourd'hui. », dit-il.