Voilà que nos policiers sont contents qu'Ali Laârayedh ait exhumé l'article 4 de la loi de 69, autorisant le recours aux balles réelles. Il tend, en l'occurrence la main à ses troupes, humiliées par Rajhi, puis diabolisées par un peuple tétanisé par l'illusion d'une délivrance du joug de l'ancien régime. Illusion ? oui, précisément, parce que la ferveur de la Révolution retombe en tristesse et en dépit, parce que la politique politicienne prend le pas au détriment des problèmes socio-économiques et parce que le Parti au pouvoir (Ennahdha et cessons-en avec cet euphémisme appelé Troïka), eh bien, ce parti est en train de ratisser large, quitte à reprendre à son compte des projets datant de l'ancienne époque et que les habitants des zones déshéritées qualifient d'éternel mensonge. Madame Le Pen n'est pas très inspirée de dire (Cf. Le Temps d'hier), qu'à la dictature laïque en Tunisie succède une dictature islamiste. Quand on est taraudé par un racisme eugénique on ne comprend pas ces nuances. Car, fausse puritaine qu'elle est, elle s'accommoderait bien d'une dictature chrétienne dont on connaît la traçabilité et les ravages historiques. Mais, le fait est là : Ennahdha ne laisse pas Hamadi Jebali faire son boulot et le flanque d'un conseiller chargé de descendre en flammes tous les libéraux et qui fait des commentaires trop dangereux. Le danger vient, justement, de ce genre de tribuns et cela fait que cette farce de la discorde entre Carthage et la Kasbah est de très mauvais goût aux yeux des Tunisiens. L'ennui c'est que le cafouillage gouvernemental et la mésentente cordiale pour le reste, criarde, entre Jebali et Laârayedh sur les questions de la police et des salafistes donne de sérieux prétexte à ces derniers d'intensifier leur violence endémique. Et au-delà de la dialectique Pouvoir/Opposition, on se demande où était tout ce beau monde le 14 janvier. La composante religieuse s'est par la suite incrustée dans le processus de récupération. Et elle a eu la part belle. Maintenant Jalel Brick, dont on ne sait pour qui il roule, donne de nouveaux prétextes à ces pseudo-salafistes, armée prétorienne, non encore déclarée, d'Ennahdha. Mais, attention à ne pas sous-estimer la société civile. Elle est bien prête pour une deuxième Révolution. Ce jour-là, toutes les balles du monde ne suffiront pas à l'anéantir. Et ce sera la pire condamnation de l'Histoire. Raouf KHALSI andalib daassi KARAMAZOV