Le mois de juin serait-il le mois des grèves en Tunisie ? Elles sont annoncées un peu partout et touchent plusieurs corps de métier et secteurs d'activité. Ici et là, on affiche un mécontentement latent, on revendique l'amélioration de la situation sociale et des conditions de travail et on s'accorde à trouver que le gouvernement ne fait pas assez pour trouver des solutions à la précarité galopante, à l'affaiblissement du pouvoir d'achat du citoyen, à la montée de l'insécurité et à la dégradation quasi-générale de l'environnement sociétal. Il semble submergé par les problèmes post-révolution ou est en panne de stratégie et d'expérience pour satisfaire les exigences populaires et honorer les promesses électorales des partis victorieux aux élections d'octobre dernier. Un an et demi, après la Révolution et six mois, après l'installation d'un gouvernement issu du verdict des urnes, le Tunisien, tout en comprenant les difficultés de l'étape et le poids des enjeux, constate, non sans amertume qu'il se débat toujours dans les problèmes économiques et sociaux inhérents à la dictature, avec en sus l'apparition de phénomènes nouveaux menaçant les libertés publiques et individuelles et contraires aux objectifs et valeurs de la Révolution. D'où cette vague de colère, ce sentiment de désenchantement et ces grèves en cascade, annoncées pour ce mois de juin. Ceci est de nature à envenimer un climat social déjà tendu avec la crainte que le mouvement ne se transforme en un bras de fer entre le gouvernement et la centrale syndicale. C'est l'éventualité qui fait le plus peur et qu'il faut à tout prix éluder par la recherche de compromis et de consensus dans l'intérêt du gouvernement, des travailleurs et du pays tout entier. Lotfi OUENNICHE