L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) continue à défendre le bien-fondé de son initiative lancée lundi et visant à apaiser les tensions par la voie d'un dialogue national. Le secrétaire général de cette puissante organisation syndicale, Hassine Abbasi, a affirmé, hier, que « l'initiative nationale de l'UGTT» se situe au dessus des calculs politiques et des tiraillements existant entre le gouvernement légitime et l'opposition. « Notre initiative n'est dirigée contre aucun parti. Elle se situe dans le cadre du rôle national que joue notre syndicat depuis sa création », a-t-il affirmé en substance, dénonçant « les tentatives de certains partis de rapetisser la centrale syndicale historique qui a été de tous les combats pour les libertés et la démocratie».
M. Abbassi qui s'exprimait à l'ouverture de la réunion de la commission administrative nationale de l'UGTT a également précisé que l'initiative nationale présentée lundi a été « très bien accueillie par l'ensemble des forces politiques et des composantes de la société civile à l'exception d'un membre du Bureau exécutif d'Ennahdha ». Il a formulé le souhait que ce membre d'Ennahdha exprimait une position personnelle et non pas la position officielle de son parti.
Appelé à réagir à chaud à l'initiative de l'UGTT, Néjib Gharbi, membre du Bureau exécutif d'Ennahdha chargé de l'information, avait estimé que «cette initiative tombe pendant le temps supplémentaire», tout en appelant l'organisation à « s'en tenir à son rôle strictement social ». Une déclaration ressentie comme étant une « offense » par les dirigeants de la plus ancienne organisation syndicale en Tunisie. « Même le temps supplémentaire fait partie des règles de jeu. Beaucoup de matchs ont été d'ailleurs remportés durant le temps supplémentaire », a martelé hier, le secrétaire général de l'UGTT, rappelant, toutefois, que son organisation « ne vise aucunement le pouvoir ».
Consensus
Les dirigeants de l'UGTT avaient indiqué lundi que l'initiative, qui a recueilli l'assentiment de plusieurs partis ou organisations de la société civile, dont l'Ordre des Avocats et le parti social démocrate Ettakatol, n'a nullement la prétention de constituer une alternative au gouvernement actuel ou à l'Assemblée nationale constituante, notant qu'elle se limitera à tenter de trouver des solutions consensuelles à même de réduire la tension qui traverse actuellement le paysage politique national et d'apaiser les tiraillements et les calculs politiques étriqués qui menacent la transition démocratique.
Les principes fondateurs de cette initiative sont notamment l'attachement au caractère civil de l'Etat et au régime républicain démocratique, le respect des droits de l'Homme, la consécration des libertés publiques et individuelles, le rejet de la violence sous toutes ses formes de l'extrémisme et la mise en œuvre d'un nouveau modèle de développement qui réduirait les disparités sociales et régionales.
L'initiative qui préconise la création d'un Conseil national de dialogue, qui sera appelé à parvenir à un consensus sur onze dossiers. Il s'agit, entre autres, du dossier des blessés de la révolution et des familles des martyrs, de la consécration de la transparence en matière d'emploi et de recrutement des diplômés au chômage, de la mise en place d'un calendrier qui arrête la date définitive de l'élaboration de la Constitution et des prochaines élections, de la composition de l'Instance supérieure indépendante des élections et de l'instauration de l'Instance nationale de la justice transitionnelle fondée sur l'obligation de rendre des comptes puis la réconciliation.