La querelle qui oppose depuis près de deux semaines le gouvernement à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) est un simple nuage d'été ou le prélude à une crise beaucoup plus profonde ? Nul ne peut, pour l'heure, prévoir l'issue des frictions qui ont démarré suite aux attaques contre les locaux de l'organisation ouvrière imputées par les syndicalistes à des membres du mouvement islamiste Ennahdha qui domine le gouvernement. Force est, cependant, de reconnaître que les signes d'accalmie se succèdent depuis quelques jours. Ainsi de la tenue, aujourd'hui, de la première réunion de la haute commission mixte gouvernement/ UGTT mise sur pied le 13 février dernier pour servir de cadre d'un débat sur les grandes questions de l'heure. L'UGTT a annoncé la composition de la délégation syndicale qui devrait participer à la réunion qui sera consacrée à l'examen de la situation sociale dans le pays. Cette délégation se compose de cinq secrétaires généraux adjoints de l'organisation, à savoir Noureddine Tabboubi, Mohamed Mesallmi, Hefaïedh Hefaïedh, Abdelkarim Jerad et Kamel Saâd. Du côté du gouvernement, on croit savoir que cinq ministres devraient participer à la première réunion de la haute commission mixte. Il s'agit, entre autres, de Khélil Ezzaouia, ministre des Affaires sociales, Ali Laârayedh, ministre de l'Intérieur et de Hassine Dimassi, ministre des Finances. Selon des sources syndicales, les discussions devraient notamment porter, à cette occasion, sur le respect du droit syndical, les moyens à même de freiner la flambée des prix des produits de base et les délais du lancement d'un nouveau round des négociations sociales.
Rencontre
La décision de la tenue de la première réunion de la haute commission mixte entre l'UGTT et le gouvernement fait suite à une rencontre qui a eu lieu, jeudi, entre Hassine Abbassi, secrétaire général de l'organisation syndicale, et Mustapaha Ben Jaâfer, président de l'Assemblée constituante et chef du parti travailliste le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL /ou Ettakatol) qui fait partie de l'actuel gouvernement. Quelques jours avant cette rencontre, le mouvement Ennahdha avait multiplié les gestes d'apaisement en direction de la centrale syndicale qui revendique plus de 500.000 adhérents. Lundi dernier, Ameur Laârayedh, membre de l'Assemblée constituante élu sous les couleurs d'Ennahdha, a souligné que son parti considère la principale centrale syndicale en Tunisie comme un partenaire très important. «A Ennahdha, nous considérons qu'une UGTT forte et indépendante est une garantie pour l'avenir du pays. Et il n'est nullement dans nos intentions d'affaiblir l'organisation syndicale ou de nous immiscer dans ses affaires intérieures », a-t-il déclaré, rappelant que sa formation a déjà condamné le dépôt d'ordures devant les locaux de l'UGTT, dans le sillage de la grève des éboueurs. Le lendemain, c'était au tour de Lotfi Zitoun, ministre conseiller chargé des dossiers politiques, de faire état de prédisposition du gouvernement à faire machine arrière en ce qui concerne la mise en place de cellules d'écoute dans les administrations et des entreprises publiques. Ces structures qui ont fait l'objet d'une circulaire adressée par le Premier ministre Hamadi Jebali aux ministres, secrétaires d'Etat et PDG des entreprises publiques en date du 14 février ont été considérées par l'UGTT comme étant «une nouvelle version des cellules professionnelles mises en place par Mohamed Sayah (ancien ministre et ex-Directeur du Parti Socialiste Destourien de Bourguiba, NDLR) pour faire double emploi avec les syndicats». Walid KHEFIFI