Le ministre de la Réforme administrative, Mohamed Abbou a présenté, hier samedi 30 juin sa démission du gouvernement de Hamadi Jebali. Lors d'une conférence de presse très suivie et tenue au siège de son parti le Congrès pour la République (CPR) dont il préside la destinée, il n'a pas manqué de s'expliquer et a donné des éclairages utiles sur sa démission.
Il a rappelé qu'au cours des pourparlers pour la formation du Gouvernement le CPR, il était question pour lui d'obtenir un ministère de lutte contre la corruption. Il s'est retrouvé avec un ministère rattaché au Chef du Gouvernement chargé de la Réforme administrative.
« Il y avait un accord verbal sur les prérogatives de ce ministère. Trois semaines après, j'ai découvert que les prérogatives accordées à ce ministère en matière de contrôle étaient insuffisantes. On ne voulait pas qu'un ministre contrôle d'autres ministres. J'ai essayé jusqu'au 24 mai. J'ai trouvé que sans ces prérogatives, je ne pouvais pas travailler. »
Il a tenté de créer une structure qui n'existe pas sur le plan légal, celle du contrôle. Les structures de la Réforme administrative n'avaient pas d'instance de contrôle. Un début de travail de contrôle a commencé par être fait avec un nombre très limité de fonctionnaires, en attendant la création « d'une Instance centrale d'inspection ».
«Les plaintes étaient nombreuses aussi bien hier qu'aujourd'hui », dit l'ex-ministre. En fin de compte il a présenté sa démission le 24 mai dernier. Il ajoute : «des amis d'Ennahdha sont intervenus. Je suis revenu travailler durant 8 jours. La réponse est venue du Chef du Gouvernement refusant de m'accorder les prérogatives que je voulais ». L'Instance centrale de Contrôle dépend directement du Chef du Gouvernement. C'est lui qui signe les ordres de mission. C'est un différend sur les prérogatives. Mohamed Abbou résume sa position en ces termes : « J'ai manqué de prérogatives de contrôle.
C'est pourquoi j'étais obligé de démissionner ». Inutile de creuser encore plus. Cette décision n'a aucun lien avec l'affaire de Baghdadi Mahmoudi. D'ailleurs, il avait voté en Conseil de ministre pour l'extradition de l'ancien premier ministre libyen. « L'intérêt national exige que le Gouvernement poursuive son travail jusqu'aux prochaines élections qui devraient avoir lieu le 20 mars prochain. Il n'y a aucune remise en cause de l'alliance de la Troïka. Le désaccord entre le chef de l'Etat et le chef du Gouvernement devra être dépassé », dit-il. Il a parlé hier avec Abderrahmène Ladgham ministre, chargé des affaires de malversation. Il est possible qu'un autre ministre soit nommé.
Lors de son passage par ce ministère Mohamed Abbou avait finalisé quelques projets concernant la réforme de la fonction publique. L'action continuera. Il espère, entre autres, que le projet relatif à l'administration électronique puisse arriver à son terme en 2012, ainsi que celui de l'horaire administratif. Mohamed Abbou garde de bonnes impressions de plusieurs fonctionnaires.
Khaled Mbarek, membre du Bureau politique du CPR a tenu à dissiper toute équivoque concernant l'organisation de la conférence de presse au siège du CPR. « Certains membres du bureau politique n'ont été mis au courant de cette démission que la veille. Le parti n'est pas mêlé à cette démission. J'aurais bien aimé que cette conférence de presse ait eu lieu au sein du ministère. Nous avons cinq membres au Gouvernement. Depuis le 23 Octobre, il a fallu la tenue du dernier Conseil national tenu à Tataouine, pour sortir la tête de l'eau. Le CPR prend acte de cette démission. Nous n'avons pas été consultés. Nous ne savons pas qu'elle sera la réaction de nos partenaires d'Ennahdha. L'alliance au sein de la Troïka doit être sauvegardée. Ceux qui veulent voir la Troïka éclater doivent rester sur leur faim », dit-il.
Mohamed Abbou nie être entré en campagne électorale et rappelle que Moncef Marzouki est le candidat du CPR pour les prochaines élections présidentielles. D'ailleurs, Abbou l'avait informé de sa démission.