• «Je continue mon travail en tant que secrétaire général du CPR et je défendrai la Troïka», a-t-il déclaré • M. Moncef Marzouki sera le candidat du CPR à la prochaine présidentielle «J'ai décidé de démissionner, définitivement, de l'actuel gouvernement. Les prérogatives actuelles ne me permettent pas de faire le contrôle sur les institutions administratives de l'Etat, chose sur laquelle nous étions d'accord au début», a annoncé Mohamed Abbou hier lors d'une conférence de presse qu'il a tenue au siège du Congrès pour la République (CPR) à Tunis. Présent à ses côtés, Khaled Ben Mbark, membre du bureau politique du CPR, a déclaré que la démission de Abbou est une décision surprenante qui vient suite à la démission du conseiller auprès du président de la République chargé de l'information, Ayoub Massoudi. «C'est un autre coup que le président encaisse dans une phase difficile», souligne Ben Mbarek, pour qui la réaction du chef du gouvernement et de la Troïka n'est pas encore connue. «C'est une période sensible et nous ne voulons surtout pas que la coalition soit affaiblie, alors que certaines parties œuvrent pour qu'elle s'effondre et ce ne sont que de faux calculs. La Troïka va bien», a enchaîné le membre du bureau politique du CPR. D'autre part, il a affirmé que «cette conférence aurait dû avoir lieu au siège du ministère de la Réforme administrative et non au siège du CPR pour éviter toute mauvaise interprétation». Des prémices de tension alors que Mohamed Abbou a déclaré qu'il va se consacrer désormais à son travail en tant que secrétaire général du CPR. «Je continue mon travail en tant que secrétaire général du CPR et je défendrai la Troïka. Je pense que j'ai choisi le bon moment, il faudra préserver la stabilité au sein de la Troïka. Je souhaite que l'on n'exploite pas ma démission du ministère pour déstabiliser le gouvernement. Pour ceux qui cherchent à le faire, je leur dirais qu'il ne reste que peu de temps en prévision des élections. D'ailleurs, c'est M. Moncef Marzouki qui sera le candidat du CPR à la prochaine présidentielle», ajoute Abbou. Un différend qui s'est amplifié Evoquant les causes de sa démission, Mohamed Abbou est revenu sur le différend entre lui et le chef du gouvernement sur ses prérogatives en tant que ministre de la Réforme administrative, chose qui l'a poussé à faire pression en annonçant sa démission à deux reprises, dont la deuxième en date a eu lieu le 24 mai. Il a indiqué que, grâce à des interventions de certains ministres nahdhaouis, les choses ont été rétablies avec notamment des promesses de la part du chef du gouvernement. «Ensuite, il y a eu un autre différend à cause de la demande que nous avons formulée concernant la création d'une instance centrale d'inspection, que nous avons estimé capable de résoudre plusieurs dossiers. Sauf que les choses sont claires : pour le chef du gouvernement une telle instance n'est pas possible, alors qu'elle ne comprendrait que 37 personnes seulement. Ainsi, tout ordre de mission doit être signé par lui, alors que je pense que c'est moi qui dois signer. Son refus de la proposition de créer cette instance qui devrait inspecter toutes les administrations publiques, alors que certains ministres n'y trouvent pas d'inconvénient, a été formulée par écrit. Il a répondu que les services de contrôle et d'inspection, actuellement en service, répondent suffisamment aux besoins. C'est pour ça que j'ai décidé de démissionner définitivement du gouvernement», a enchaîné Abbou qui a, par ailleurs, affirmé sa bonne connaissance des rouages de l'administration tunisienne. Il a, d'autre part, attiré l'attention sur l'importance de certains dossiers de corruption dans l'administration, affirmant l'existence de personnes qui sont impliquées dans la corruption et pratiquent le népotisme. «Les corrompus sont toujours là, actifs...Je suis satisfait du travail jusque-là effectué avec le peu de moyens dont nous avons disposé, moi et une bonne équipe de gens qui ont la volonté de changer ce qui doit être réformé. Il n'y avait pas de pression concernant un quelconque dossier de corruption. Je souhaite que les projets que j'ai commencés soient poursuivis par mon successeur ou par M. Abderrahman Ladgham, ministre chargé de la Gouvernance et la Lutte contre la corruption au cas où on lui donnerait la tâche de la réforme administrative», a-t-il ajouté. Mohamed Abbou a indiqué que l'affaire Mahmoudi Al Baghdadi n'a aucunement influencé sa décision, alors que le CPR avait, dans un communiqué, publié lundi dernier, fustigé «l'absence de consensus et la prise de décision unilatérale» du chef du gouvernement suite à l'opération d'extradition de l'ancien Premier ministre libyen. Aussi, ce même communiqué avait confirmé «la dissimulation délibérée de cette information au président de la République». Le secrétaire général du CPR a affirmé qu'il avait voté pour l'extradition immédiate d'Al Baghdadi, évoquant la même requête de la Tunisie pour le cas de Ben Ali. Par ailleurs, Abbou a affirmé qu'il a porté plainte contre trois personnes pour diffamation contre un agent public, lui en l'occurrence. Il a nié, d'autre part, qu'il soit rémunéré de la part de la Banque africaine de développement ou qu'il soit fonctionnaire de cette banque. Cette démission de Abbou ne serait-elle pas un sacrifice pour que les choses reprennent dans le bon sens entre la présidence de la République et le chef du gouvernement, ou serait-elle la cause de l'aggravation de la situation entre les deux présidences ?