Récapitulatif : la Tunisie se trouve prolongée depuis une semaine dans une crise politique aiguë suite à la tension qui règne entre le président de la République et le chef du gouvernement. La première étincelle de la crise fut déclenchée juste après l'extradition de Baghdadi Mahmoudi par une décision de Hammadi Jebali sans avertir, auparavant et à temps Moncef Marzouki. Ce dernier, et après avoir accusé le chef du gouvernement « d'outrepasser ses prérogatives », a décidé de démettre le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, de ses fonctions. Un limogeage qui ne peut qu'aggraver la situation notamment après le report d'un discours de Marzouki prévu sur la chaîne publique de télévision al-Wataniya. Cette crise au sommet de l'Etat ne cesse d'alimenter les débats et de dessiner de grands points d'interrogations surtout avec le silence, intrigant, mêlé peut-être de complicité de Mustapha Ben Jaafar, président de l'ANC. « Cette crise politique était prévisible vu le conflit de compétences et d'intérêts caractérisant ce gouvernement », explique Jawhar Ben Mbarek, coordinateur du réseau Dostourna. Selon lui, ce n'est pas la première crise à laquelle fait face le gouvernement provisoire. « Le gouvernement de Hamadi Jebali a toujours été indisposé eu un désarroi par rapport aux déclarations de Moncef Marzouki et de son groupe de conseillers. Le vrai problème c'est que l'ampleur de ces crises ne cesse d'augmenter. Aujourd'hui nous sommes passés de l'action à la réaction. Ennahdha ne semble plus laisser passer les coups bas de Marzouki connu par son tempérament politique agité et instable», affirme Jawhar Ben Mbark en ajoutant que l'échange de tirs entre Marzouki et Jebali aura sans doute des répercussions négatives sur la stabilité de l'Etat souffrant d'ores et déjà de plusieurs problèmes politiques et économiques. Jawhar Ben Mbarek a insisté également à parler de la position bizarre de Mustapha Ben Jaafar, qui selon lui, a préféré se ranger du côté d'Ennahdha afin de gagner sa guerre froide pour la présidence de la République. « A mon avis, il s'agit de la présidence de la République, car pour la première fois depuis les élections, on assiste à une alliance entre Ennahdha et Ettakattol contre le CPR. Pour moi, Ennahdha a fait son choix et a décidé de changer l'équipe qui n'a pas l'air de gagner et ici je parle de Marzouki . Dans tous les cas, cette crise ne peut être que le premier épisode d'une nouvelle guerre électorale », renchérit le coordinateur du réseau Dostourna. «Conflit de spécialités...» Pour sa part, Khémais Kssila, porte-parole du Mouvement Tunisie a bien noté qu'il s'agit en premier lieu d'un conflit de spécialités. « Franchement, ce qui se passe au sommet de l'Etat ne peut que présager le pire. Cet échange de tirs entre le président de la république et le chef du gouvernement aura, sans l'ombre d'un doute, un impact négatif sur l'investissement, la stabilité sécuritaire et tout ce qui est en rapport avec l'autorité et le prestige de l'Etat », affirme Khémais Kssila en insistant que ces conflits ont une seule explication : «La légitimité électorale n'est pas toujours le seul prétexte », explique le porte parole d'Ettakattol. Et d'ajouter : «cette crise politique qui s'intensifie au fil des jours pour ne pas dire des heures, est le résultat de l'absence de concertation et de confidence au sein du gouvernement élu. A ceci s'ajoute le manque de compétences et d'expérience face à un paysage politique instable et très fragile. A mon avis, la situation devient grave et nécessite une vrai recul ». Que faire alors ? Khémais Kssila répond que le gouvernement de Jebali devra beaucoup penser à l'initiative de l'UGTT et passer à un dialogue réunissant toutes les parties concernées par le bien de ce pays. « Gouvernement, opposants, associations et société civile devront assister à ce dialogue afin de bâtir la Tunisie de l'après Révolution. Bien évidemment, le gouvernement de cette Tunisie devra être composé de vraies compétences dans tous les domaines », renchérit-il. Mis à part toute analyse de ce qui se passe entre la Kasba et le Palais de Carthage, ce qui est sur c'est que le courant ne passe plus entre le chef de l'Etat et le chef du gouvernement. Pour cela et avec le silence du troisième chef (président de la Constituante), une redistribution des cartes s'avère proche car nos décideurs ne semblent pas avoir l'intension de fumer le calumet de la paix. Pour eux l'enjeu est beaucoup plus intéressant : Le Pouvoir !