Ayant participé au Sommet de la Terre et au Sommet des Peuples durant le Rio+20, la société civile environnementale tunisienne a lancé une plateforme interactive qu'elle a intitulée Rio+20 Monitor Tunisie. Les objectifs de ce site est de retransmettre en direct le déroulement du 5ème sommet de la Terre de l'ONU.
Un mois après la clôture du symposium décennal de Rio, le 22 juin 2012, la jeune équipe de Rio Monitor Tunisie donne sa synthèse autour d'une table ronde qui a eu lieu, hier, au CITET (Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis).
Rio+20, trop de bruit pour rien
Etant le 5ème Sommet de la Terre onusien, la conférence a été l'occasion de réunir les experts en développement, les économistes, les environnementalistes et les Chefs d'Etats.
Au terme du symposium, les environnementalistes demeurent inquiets et outrés. Aucune décision radicale ou sérieuse n'a été prise. Un rapport final, composé de 49 pages et 283 paragraphes, a été donné aux Nations-Unies et aux dirigeants mondiaux afin de le ratifier. Une déclaration finale qui inclut les nouvelles résolutions des autorités collectives quant aux mesures à prendre pour mettre en exergue le développement durable et les prérogatives qu'il a sur l'environnement. Néanmoins, aucune mesure stricte n'a été imposée aux pays développés pour ralentir leur surexploitation des ressources naturelles.
Les 193 Etats signataires de la déclaration finale du Sommet de Rio+ 20 se sont mis d'accord sur divers points dans le but d'instaurer les balises d'un développement vert et durable garant du respect de l'être humain, la sauvegarde de l'écosystème dans un environnement mondial propice à la croissance économique qui aille de pair avec le développement social.
Les objectifs énoncés lors du symposium de Rio, vingt ans plus tard, autour de plusieurs prérogatives :
- Exhorter à une croissance économique durable et équitable,
- Encourager à une utilisation savante et écologique des matières premières, et des ressources naturelles,
- Promouvoir une gérance durable des écosystèmes et mettre en exergue leur rôle primordial dans le développement social et économique,
- Ouvrir les opportunités pour tout le monde et ne privilégier personne en incitant à un développement social équitable et juste,
- Améliorer les conditions basiques de la vie de tout un chacun,
- Protéger l'écosystème en termes de réviviscence, de pérennité et de résistance des milieux naturels face aux nouveaux challenges tels que le réchauffement planétaire et les chamboulements climatiques.
Il s'agit d'une équipe composée de jeunes tunisiens, étudiants et fervents militants dans la protection de l'environnement. Missionnaire d'une tâche noble, ils sont les porte-paroles de la société civile tunisienne qui lutte pour la conservation de nos écosystèmes. L'idée est née suite au Forum du Citoyen pour l'Environnement qui s'est déroulé à la Cité des Sciences le 13 juin dernier.
L'équipe de Rio+ 20 Monitor Tunisie est soutenue par plusieurs associations environnementales telles que le groupe Eco-constitution (Association Alternative), RANDET (Réseau Associatif pour la Nature et le Développement en Tunisie), du journal électronique EcoloMag Tunisie, la GIZ (la Coopération tuniso-allemande)
Le Temps en a profité pour donner la voie à cette jeune équipe :
Héla Khalfallah (étudiante en école de commerce à Lille), reporter à la conférence Rio+20
«J'ai été reporter à Rio. J'ai assisté à la conférence de Rio+20 et au Sommet de Peuples et j'ai pu interviewer des jeunes du monde entier mais aussi des personnalités connues comme le prix Nobel de la paix Muhammed Yunnus ou Brice Lalonde (un des organisateurs de Rio+20). Cette expérience a été très enrichissante dans la mesure où j'ai vu la dynamique de la société civile et surtout des jeunes. Cela m ́encourage à croire que c'est a l'échelle locale, régionale et nationale qu'il faut impulser des dynamiques d'actions concrètes en Tunisie. »
Karim REGAYA (étudiant en Droit de la protection de l ́environnement à la faculté de Droit et des Sciences Politiques d'Aix-en-Provence)
«Je fais partie de l ́équipe de rédacteur à Tunis, un des chargés de la rédaction des articles collectés en provenance de RIO ainsi que la réalisation d'interviews faites à Tunis avec des représentants de la société civile concernant les thèmes abordés à RIO. Une symbiose s ́est créée au sein de l ́équipe afin d'atteindre notre ultime objectif qui est d'informer et de faire participer la société civile en temps réel des événements. Je crois en l'amélioration des outils de protection de l'environnement en Tunisie qui ne se fera qu'à travers des associations militantes et spécialisées dans la protection de l'environnement et de la nature en Tunisie.»
Hela Ghariani (étudiante en école de commerce à Paris et Rédactrice du site Rio+20 Monitor)
«Notre tâche était de partager les informations qui nous parvenaient de Rio concernant le Sommet de la Terre et du Sommet des Peuples. Nous tentions de mettre ses informations dans la perspective du contexte tunisien. Si le Sommet de l'ONU à Rio a largement déçu compte tenu de la faiblesse des engagements pris, le Sommet des Peuples a été l'occasion pour la société civile internationale de constituer un message commun cohérent qui offre une alternative au système international. L'espoir résidait principalement au Sommet des Peuples où des associations du monde entier ont partagé leur expérience. Des échanges qui doivent être instructifs pour la Tunisie et ses associations. Face au relatif échec de la politique du Tout-Etat dans le développement durable en Tunisie, le rôle des associations est aujourd'hui crucial. L'expertise y est présente, la crédibilité est à construire sur la base d'une organisation solide. La société civile doit pouvoir jouer le rôle de l'ambassadeur des populations auprès des pouvoirs publics et des partenaires internationaux, être source de propositions et de contribution à la prise de décision. L'énergie est présente, il faut capitaliser là-dessus pour parvenir à une politique durable de l'environnement en Tunisie.»
Julika Tribukait (étudiante en Géographie à l'Université d'Hambourg)
« Comme stagiaire au sein du Programme pour l'environnement de la GIZ, la Coopération Tuniso-allemande, j'ai accompagné l'action Rio+20 Monitor dès son début, c'est-à-dire de la première réunion de planification jusqu'à la table ronde dont l'objectif de discuter la suite de Rio. Là, après que l'observation du Sommet de Terre Rio+20 s'est passée, je veux souligner que je suis très contente d'avoir fait partie de l'équipe qui était très engagée. L'action a bien montré que la création d'un lien direct entre une conférence onusienne et la société civile est possible – d'autant plus, que c'est nécessaire pour une société consciente de suivre des processus politiques qui concernent l'avenir du monde. Même si la crise économique est priorisée pour l'instant par l'agenda de la gouvernance internationale, c'est rassurant de voir qu'il y a des associations et organisations de la société civile qui se font entendre pour que la réalisation d'un développement durable ne reste pas seulement une promesse vide - surtout dans le contexte actuel de la Tunisie, qui est favorable pour que les citoyens expriment leurs opinions et pour qu'ils contribuent à la formation d'un nouveau cadre politique. »
Rio+ 20 Monitor Tunisie, le bilan un mois après le Sommet
Une première en Tunisie qu'une plateforme suive les travaux du Sommet de Rio et les retransmette instantanément sur le Net. L'équipe est composée de jeunes étudiants tunisiens et étrangers faisant partie de la Société civile et sensibles aux questions environnementales.
«Rio+ 20 Monitor Tunisie» a été à cheval entre le symposium à Rio et la Tunisie. L'équipe s'est partagé la tâche pour retransmettre sur la plateforme instantanément ce qui se passait au Sommet. C'est, d'ailleurs, autour d'une table ronde, que les ONG et la société civile écologiste se sont réunies afin de faire le bilan du Sommet de Rio+ 20. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur les observations et les travaux effectués par l'équipe de Rio+ 20 Monitor Tunisie.
Un débat a été lancé par l'un des membres de la délégation tunisienne officielle à Rio+ 20, la représentante du ministère de l'Environnement, des environnementalistes, des économistes et plusieurs représentants de la société civile. Les avis divergeaient mais tous s'entendaient sur le fait que la nouvelle déclaration n'apporte aucune résolution sérieuse ou nouvelle. Bien au contraire, elle ne rompt pas avec le modèle économique actuel, premier déclencheur de la crise économique mondiale qui sévit encore. Ils reprochent aussi l'absence de toute tentative concrète pour évincer la crise sociale liée au modèle économique mercantiliste qui s'est basé sur l'exploitation des ressources naturelles et de leur exploitation. Le nouveau texte n'apporte aucune solution quant aux nouveaux défis de la mondialisation et ne propose que des solutions au court terme et qui travaille les intérêts économiques nationaux au détriment du social et de l'environnemental.